Uncaged

Chronique

Vainqueur, car lauréat du plus grand nombre dentéléchargements de ces chansons, d’un concours qui lui permetnd’engranger plusieurs milliers d’euros de matériel de studio,net, surtout, de négocier un contrat d’enregistrement avec unnlabel, contrat accompagné d’une campagne de promotion et denmarketing, Charles Pasi, franco-italien résidant à paris, inaugurendonc avec succès l’irruption du statut d’auto-entrepreneur (jenproduis, et vous me payez par la suite si cela vous convient) au seinndu show-business. Ce qui n’a manifestement aucun intérêt,npuisque, comme chacun sait, les chanteuses naissent dans les roses,net les chanteurs dans les choux, et nous sommes tous des pursnesprits.n

nnLenjeune homme, belle gueule d’ange âgée de vingt-cinq ans, a doncndéjà collaboré (un peu) à diverses musiques de films, dont lenCinémanndenYann Moix, ainsi qu’un Actricesnsigné Valérie Bruni Tedeschi. Il a par ailleurs travaillé avec lansœur de celle-ci (mais qui n’a pas ?), en tant que guitaristende scène, et professe une passion immodérée pour Otis Reddingn(cela s’entend). Et on se permettra également de mentionner BennHarper. Autant dire que tout ce qui précède inciterait plutôt ànsaisir vigoureusement un lance-flammes, voire à déguerpir sansndemander son reste. Or, Uncagedn(nenrêvons pas, toutefois, chacun entre dans un moule, garçon) estnplutôt un bon album. Oscillant entre une atmosphère after hoursnjadis immortalisée par Tom Waits, quelques hommages en sépia aunParis d’Henri Miller (« OldnLady Paris »),net des tentations funky (on ne nous en voudra pas d’évoquer StevienWonder avec « ThingsnHave Changed »),nla sélection est tenue à bouts de cordes vocales par un chant unnpeu forcé, granuleux, et plein de charme.

Et un harmonica gourmand,ncomme on en rencontre guère plus que dans certains bouges de Chicagonla venteuse : ici, Pasi s’impose comme un excellent praticiennde l’instrument, virtuose et sensible tout à la fois. En outre, lenchanteur s’y entend à décliner des rythmes en apesanteur (« UnenBerceuse »),noù sa raucité naturelle ( ?) fait merveille, même si sanversion du standard « DreamnA Little Dream Of Me »npêche par excès de dolence. Naturellement, les deux phares denl’album restent l’inénarrable « BetternWith Butter »n(jadis, Southside Johnny, copain d’école de Springsteen, offrait ànsatiété ce genre de musique noire blanchie sous le harnais), et unntrès laid-back « FarewellnMy Love ».nDans ces deux chansons résonne en effet le saxophone ténor,nfurieux, narquois ou sensuel d’Archie Shepp (associé ànl‘entreprise après un simple contact avec le manager et épouse dungéant, et suite à l’humble requête d’unnjeune musicien, sans argent, sinon illusions) :nespérons que cette prestigieuse collaboration attire l’intérêtndu plus large public sur le disque, et le chanteur. Ils le méritentntous deux.n

nnFannde blues, de musique latino, de jazz et de soul, Charles Pasindémontre haut et fort que la créativité peut (parfois) offrir unnacceptable rempart au système. Et son galop d’essai dans la courndes grands (après quelques plages initiales, auto-produites) attestenque remporter un concours ne nuit pas forcément à la créativité.nPourvu que cela soit, comme c’est le cas ici, un peu plus qu’unnsimple concours de circonstances.n

nn

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