To Willie

Chronique

La musique de Willie Nelson a toujours dégueulé de générosité. Et l’hommage que Matthew Houck alias Phosphorescent rend ici au mythique Texan dégage la chaleur des réconforts de lendemains de cuite ou d’aubes de séparation... Avec Houck, on était habitué à quelque chose de plus psychiatrique. Voire trisomique. Des impressions qui émanaient du parfait Pride, farandole de Beach Boys folk raide, de Palace évangélisateur et de Neil Young décérébré... Phosphorescent relit ici onze pièces de Willie pour le bien nommé et génial To Willie. Comme le jeune barbu est intelligent, il évite les incontournables du vieux barbu et sélectionne des pièces moins convenues, voire oubliées. Il les vêt même d’un voile soul, parfois gospel, magnifique. Can I Sleep In Your Arms devient salvateur, Heartaches Of A Fool est une rédemption onirique bouleversante, et I Gotta Get Drunk et Reasons To Quit suintent une saveur soul unique. Les mauvaises langues diront évidemment que les saynètes de Willie Nelson utilisées ici sont, à la base, géniales. Certes. Mais le travail de Matthew Houck l’est tout autant, dans cette manière indicible de leur donner de nouvelles couleurs et surtout de nouvelles formes. Les albums de reprises, même s’ils ne sont QUE des albums de reprises, sont souvent bien plus passionnants et révélateurs que ce que l’on croit... © Marc Zisman