Tissé

Descriptif de l'album

De l’aube jusqu’au crépuscule, l’album de Marion Rampal ressemble à une journée passée sur une île où règne une sérénité en trompe-l’œil. Tel le soleil au zénith, le titre L’Île aux chants mêlés éclaire à lui tout seul la démarche de l’auteure-compositrice-interprète d’origine marseillaise : celle-ci se définit par une indépendance forcenée (« l’île », c’est un peu « la chambre à soi » de Virginia Woolf) et par un amour pour l’éclectisme musical (les « chants mêlés »). Aussi à l’aise dans le classique que dans le jazz et la musique folk, Marion Rampal devient ici l’interprète singulière d’une musique hybride mélangeant blues, soul et folklore louisianais. Mais si les arrangements rêveurs et sobrement swing de Matthis Pascaud ainsi que la voix claire de Marion Rampal s’apparentent à une douce brise que rien ne semble pouvoir troubler, les textes trahissent un penchant pour un univers plus tourmenté, dans lequel trônent la vieillesse (Blossom), la mort (Reminder), ou encore la figure du paria (D’Autres Soleils). Plus l’heure tourne, plus Tissé se teinte d’une sobriété mélancolique et crépusculaire. Dans cette tombée de la nuit poétique et sensible, on croisera notamment une étonnante berceuse, emmenée par la voix fatiguée mais profonde de la légende octogénaire Archie Shepp, qui abandonne son saxo pour l’occasion (Calling to the Forest). Quant au blues ascétique qui clôt l’album (Still a Bird), il fait figure de pamphlet dans lequel Marion Rampal grave son indépendance dans le marbre, avec la force tranquille qui la caractérise. © Nicolas Magenham/Qobuz