Spiritual song

Chronique

Quatuor ghanéen et familial (les membres sont issu d'une même famille), la musique des African Show Boyz est dérivée d'un genre ghanéen très en vogue dans les années 1920 et à la fin de la Seconde Guerre mondiale ; le highlife. Ce genre typique de la bourgeoisie noire du pays, produit par des orchestres se calquant sur les big-bands nord-américains et déroulants un swing se voulant similaire mais au son finalement très personnel, finit par faire naitre son pendant social contraire ; le palm wine highlife, en référence à une boisson très prisée des couches défavorisées et faite de sève de palmier (d'ou son nom de « vin de palme »). Le palm wine highlife , ou « highlife des pauvres », est joué par des orchestres de fortune, plus réduits, avec des instruments souvent très artisanaux ou improvisés ; bouteilles, guitares retapées, calebasse, tambour ou hochet de toutes sortes. (Ce qui n'est pas sans rappeler l'emploi d'instruments parfois très fortuits, dans les toutes premières formations de jazz, en particulier la planche à laver). Les African Show Boyz qui sillonneront très jeune l'Afrique en musicien-aventuriers, témoignent ici de leur aisance et de leur immense talent, que ce soit pour le chant, ou dans leurs aptitudes instrumentales aussi inventives qu'originales.
Le compositeur John Cage définissait la musique comme « l'organisation par n'importe quels moyens, de n'importe quels sons ». Les African Show Boys démontrent ici toute l'acuité de cette brillante définition, bien que leurs moyens même s'ils sont de fortunes, n'en sont pas moins organisés avec un prodigieux sens musical et artistique, qui n'a rien d'aléatoire.

© René Obe/Qobuz