Rossini: Overtures - Sony Classical Originals

Chronique

Le chef d’orchestre hongrois Fritz Reiner fait partie des grands dictateurs de la baguette à une époque où ces derniers sévissaient aussi en politique. Ces roitelets régnaient en maîtres absolus sur les orchestres en terrorisant littéralement les musiciens dont l’activité était sans cesse menacée. Si le résultat qualitatif était certes au rendez-vous, ce n’était cependant pas la seule façon de trouver l’excellence, comme l’ont prouvé d’autres chefs s’imposant par la gentillesse, comme Bruno Walter ou par un humour ravageur comme Sir Thomas Beecham.

Mais pour Fritz Reiner, la musique était un véritable sacerdoce que ses musiciens devaient partager dans une obéissance stricte, sous la direction sobre, froide et exigeante d’un chef qui régnait par la terreur, la méchanceté et un chantage à l’emploi permanent. La quasi totalité des postes seront d’ailleurs renouvelés durant son mandat à la tête de l’Orchestre Symphonique de Chicago entre 1953 et 1963, année de la mort de Reiner, une semaine jour pour jour avant l’assassinat du Président Kennedy.

On ne peut qu’admirer la virtuosité instrumentale éblouissante de ce célèbre album de 1959 consacré à des Ouvertures de Rossini auxquelles on a ajouté de manière incongrue l’ouverture de Don Giovanni, qui n’était pas incluse dans le LP original publié par RCA. Une admiration excluant toutefois le moindre sourire et la moindre amabilité, tant le style est tendu à l’extrême vers une efficacité et une précision exemplaires. © François Hudry/Qobuz