Musica da lettura

Descriptif de l'album

Avec ses 850.000 volumes, ses 120.000 livres anciens et sa collection de 7500 journaux, la Bibliothèque municipale de l’Archiginnasio de Bologne est un lieu chargé d’histoire. C’est là, début 2021, que Paolo Fresu a décidé de fêter SA propre histoire. Pour ses 60 ans, le trompettiste sarde a réuni une poignée de proches le temps d’un concert exceptionnel, évidemment sans public, pandémie oblige. En compagnie du bandéoniste Daniele di Bonaventura, du pianiste Dino Rubino, du contrebassiste Marco Bardoscia et du Quatuor Alborada, il a déambulé dans diverses salles de cette magnifique bibliothèque pour y interpréter des thèmes à son image. Celle d’un jazz bigarré et hybride, européen dans l’âme, et toujours flâneur. Sans jamais être une rétrospective anniversaire aux allures d’enterrement, Musica da Lettura montre surtout l’étendue du génie de Fresu, chercheur et passeur invétéré, capable de se nourrir des traditions musicales populaires comme du cinéma, de la littérature, de la musique classique ou folklorique et du jazz évidemment… Le répertoire de cet album pas comme les autres (disponible uniquement sur Qobuz) mêle ainsi chansons populaires et thèmes mouchetés d'effets électroniques (pour souligner la distance entre l'histoire du lieu et la contemporanéité des sons). Sur El Ciego, la tradition européenne enlace la latino-américaine. Sur Notte a San Stino, composition presque new age qu’il interprète seul, Fresu imbrique plusieurs prises de son instrument. Et pour étendre davantage le champ des possibles, il puise son inspiration dans Métamorphoses de Strauss qu’il baigne dans une solennité héritée de Rossini. Séquences chambristes ou futuristes, nostalgiques ou groovy, méditatives ou rêveuses, rien ne manque à l’appel de cette fiesta entre amis… Mais l’essentiel de ce magnifique album réside dans le caractère organique et humain de la musique. Malgré les références lettrées et les influences multiples, la trompette de Paolo Fresu reste une langue simple et belle qui vise au cœur. Une langue rendue terriblement vivante par la complicité qu’il entretient avec ses sidemen, tous au diapason de cet anniversaire qu’on rêverait sans fin... © Marc Zisman/Qobuz