Mon coeur avait raison

Maître Gims

explicite

Paru le 28/08/2015 chez Jive Epic
Artistes principaux : GIMS
Genre : Hip-Hop/Rap

Disponible en

16-Bit/44.1 kHz Stereo

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Pour son deuxième album solo, en attendant le retour discographique du vaisseau-mère Sexion D’assaut, Maître Gims ne donne pas dans l’économie de moyens. Il a fomenté rien de moins qu’un double album avec Mon Cœur Avait Raison. Une opération ambitieuse, témoin de sa forme actuelle (le million d’albums tutoyé sur Subliminal), qui lui permet de ménager la pop urbaine et le hip-hop conventionnel, et donc ambitions commerciales et crédibilité auprès d’une certaine frange de son public. Il segmente clairement les deux styles en glissant un concept vite emballé, vite pesé : les fameuses pilules bleues et rouges de Matrix. Pourtant, il n’en semble pas peu fier : « Je pense avoir l’album de cette année, en toute évidence et sans orgueil », a-t-il déclaré.

Mais seul compte le fond, la substantifique mœlle : la force de Maître Gims réside évidemment dans sa voix, puissante, singulière, à la justesse et la nuance accessoires. Même s'il n’hésite encore une fois pas à la noyer dans les effets (« Habibi » ou « Sofitelo », fondus dans le vocoder). Quoi qu’il en soit, il peut se reposer sur cet acquis, beaucoup plus que sur son écriture. Celle-ci n’est pas sa force majeure. Il ne s’encombre ainsi pas des répétitions (l’hispanisant « Hasta Luego »), qui tiennent lieu de rimes (« Est-ce que tu m’aimes ? »).

On y notera un élan de confidence et de romantisme flagrant, l’amour devenant le moteur central de ses paroles, du moins sur la pilule bleue, largement mise en lumière au travers des extraits choisis (« Brisé », « Est-ce que tu m’aimes », « Laissez passer »...). Ouvrant ainsi son monde, il multiplie également les invitations avec Niska, Barack Adama, Dadju, H Magnum, Dawala, JR O Crom, Doomams, Sexion d'Assaut, Lefa, Laurent Twins, Djuna Family). Il se paie entre outre le luxe d’un featuring étonnant de Sia sur la ballade solennelle « Je te pardonne ». La chanteuse australienne y domine les arpèges de guitare de ses contorsions vocales face à un Maître Gims tout en sobriété.

À travers tous ces changements, le rappeur brise son image sur la première « face », délaissant les thèmes ayant trait à la rue. Il les réserve pour la pilule rouge, nettement plus convaincante car reposant moins sur des formules toutes faites. On retiendra de ce deuxième disque le flow de « Melynda Gates », de « La Main du roi » et de « Barillet » ou les orchestrations d’« Angelina » (qui accueille Laurent Twins).

Maître Gims a donc réservé à son public, large, un double album aussi produit que déséquilibré, qui aura du mal à satisfaire pleinement tout le monde. Mais la vérité des chiffres, à laquelle il semble accorder la plus grande importance, devrait lui donner raison, quoi qu’on en pense.

©Copyright Music Story 2015

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