Mirrored

Chronique

Sur ses trois premiers EP compilés par Warp en 2006, Battles fourbissait la brillante démonstration d'un rock expérimental hérité des répétitifs contemporains et des effluves post-rock. De longs morceaux envoûtants aux intitulés laconiques donnaient l'envie d'en entendre davantage, surtout dans le contexte d'un album.

Constitué de onze titres originaux et retournants, Mirrored a de quoi faire tourner les têtes des aficionados de batterie éruptive et de guitares trafiquées façon Robert Fripp. Passé le drôlatique « Atlas » (élu « Single of the week » par le New Musical Express), hors-d'oeuvre abordable pour le commun des mortels, l'album s'enfonce progressivement dans une jungle de rythmes en cascade (« Race: In »), riffs en furie (« Ddiamondd ») et séquences électroniques (« Tij »). Le possédé « Tonto », titre phare du recueil, a des allures d'incantation tribale avec ses réminiscences asiatiques et ses fréquentes modulations. Plus alambiqué, « Rainbow » embarque pour l'exploration d'un territoire aux lignes brisées, tandis que « Bad Trails » radoucit la température.

Au sortir de l'écoute d'un tel album surgit l'idée que le rock, cet idiome rebattu par les vents et les médiocres, n'a pas dit son dernier mot et a quelque chose à gagner en s'accouplant avec d'autres langages. Si toutefois cela s'appelle encore du rock, sinon c'est du Battles.

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