Mathieu: Concerto de Québec & Works for 2 Pianos

Chronique

Juchés sur un piano, tout de cuir noir vêtus sur fond de paysage forestier canadien, Alain Lefèvre et Hélène Mercier nous invitent à découvrir leur dernier album. Leurs destins se sont croisés. Il est né en France avant que sa famille n’émigre au Québec où elle est née avant de venir vivre en France. Ils partagent tous les deux un intérêt grandissant pour le véritable météore que fut André Mathieu, un enfant prodige disparu en pleine jeunesse auquel Alain Lefèvre a déjà consacré plusieurs enregistrements. Né en 1929 à Montréal, André Mathieu compose ses premières œuvres à l’âge de 4 ans et donne son premier concert une année plus tard en jouant son propre Concertino n° 1 avec orchestre. Il travaille ensuite en France avec Yves Nat, puis Alfred Cortot qui veut faire de lui « le plus grand pianiste du siècle », mais l’enfant veut devenir compositeur. Après la guerre, il travaille la composition avec Arthur Honegger et Jules Gentil.
André Mathieu a 14 ans lorsqu’il compose son œuvre maîtresse, son Concerto n° 3 (« Concerto de Québec »), salué par la critique et présenté ici dans un arrangement pour deux pianos par Achilleas Wastor. Mais, comme souvent, le public se détourne de cet enfant devenu adolescent qui va sombrer peu à peu dans l’alcool et dans l’oubli. Le 2 juin 1968, on le retrouve mort dans son lit à la suite d’un infarctus aggravé d’une cirrhose. Il laisse 200 œuvres dont un quart seulement sont répertoriées.
Outre la version originale du « Concerto de Québec », ce nouvel album consacré à André Mathieu propose sa Rhapsodie romantique et son Concertino n° 2, deux œuvres arrangées pour duo de pianos. Étonnante précocité, qui intègre le langage des musiciens français à celui de Rachmaninov et à des éléments de jazz, dans des compositions parfaitement construites. © François Hudry/Qobuz