Lost Memory Theatre Act-3

Jun Miyake

Paru le 06/04/2018 chez Yellowbird Records
Artistes principaux : Jun Miyake
Genre : Variété internationale

Disponible en

16-Bit/44.1 kHz Stereo

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Au Japon, les lieux auxquels les gens peuvent associer leurs souvenirs sont souvent détruits par les séismes. En partant de ce constat, Jun Miyake a imaginé un théâtre où se retrouveraient les fantômes de la mémoire. Lost Memory Theatre est une œuvre vaste de par son nombre de parties (65 morceaux) et par son inspiration large comme le monde. Elle trouve ici son troisième acte et Jun Miyake nous a gâtés.

Pour ceux qui ne connaissent pas son travail, on pourrait empiler des références flatteuses tels Nino Rota, pour les ambiances de cirque, Erik Satie pour des mélodies pianistiques délicates ou Chet Baker pour quelques souffles sensuels de trompette. Loin d’être un solitaire ou un artiste lié à quelques rares partenaires, Jun Miyake a des amis musiciens dans pratiquement chaque page de l’atlas du monde.

Ainsi, son amour de la musique brésilienne ne date pas d’hier. Arto Lindsay ou Vinicius Cantuaria, présents ici, sont de vieux complices. Ils sont rejoints par un trio de la nouvelle génération originaire de Salvador de Bahia : Bem Gil, fils de Gilberto et guitariste surdoué, Gabi Guedes, maître tambourinaire, ou Bruno Capinan, remarquable chanteur qui tient plume et micro sur Alta Mare et Pontual.

La France est également un des ports d’attache du trompettiste surdoué, comme elle l’est pour la chanteuse d’origine américaine exilée à Paris Lisa Papineau, point commun des trois actes de Lost Memory Theatre. Elle cosigne et interprète 4 des 19 titres de cet acte. Au rayon français, on croise le brillantissime violoncelliste Vincent Ségal, le souffleur (sax, clarinette) Renaud-Gabriel Pion et Jun Miyake a subrepticement salué la mémoire de son ami des grandes heures de Radio Nova, Rémy Kolpa Kopoul, qui prononce quelques mots sur l’épilogue. Plus à l’est, Miyake a incorporé à son subtil cocktail le chœur de voix bulgares Cosmic Voices, dirigé par Vanya Moneva sur Undulation et A Distant Road. Plus au sud, il a mis en musique l’auteur grec Paraskevas Karasoulos pour The Boat, chanté par Dimitra Galani. Il s’est aussi offert une traversée de la Méditerranée pour rejoindre le jazzman soufi tunisien Dhafer Youssef, qui fait vibrer son oud et son chant dans Etume.

Ce panoramique d’apparence hétéroclite serait incomplet sans mentionner quelques clins d’œil appuyés. L’un est fait à l’immense chorégraphe allemande Pina Bausch, via les mots et la voix de la danseuse d’origine espagnole Nazareth Panadero, attachée à sa compagnie. L’autre, tout aussi germanique, est une mise en musique d’un poème érotique de Bertolt Brecht Of Seducing Angels. Enfin le classique des Stones, As Tears Go By, bénéficie du chant décalé d’Arto Lindsay et de l’inventivité du guitariste Leo Abrahams, un proche collaborateur de Brian Eno. Mais quelle que soit la qualité des ingrédients, s’ils sont mal dosés, ça peut tourner à la catastrophe. En agençant délicatement ses souvenirs, le compositeur japonais prouve que son enseigne mérite largement quatre ou cinq étoiles. © Benjamin MiNiMuM/Qobuz

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