Jusqu'à la lumière

Chronique

De Miossec aux Pogues, les chansons à boire sont souvent indissociables des racines régionales de ceux qui les créent et les chantent. Le cas de Baptiste W. Hamon est un peu à part car le chanteur n’a jamais voulu choisir entre les traditions américaines et françaises qui fondent son univers. L’alcool est donc le fil rouge de cet album, mais c’est plutôt une ivresse joyeuse que l’auteur-compositeur-interprète met en avant, à l’image du guilleret Boire un coup, qui ouvre le disque, ou encore du brelien Revoilà le soleil, qui le clôt. Produit par l’Anglais John Parrish (Sparklehorse, PJ Harvey), ce quatrième album de Baptiste W. Hamon contient – ironiquement – une certaine sobriété dans les arrangements : au milieu des guitares, d’un piano ou d’un harmonica, seule une pedal-steel aux sons éthérés fait office de pièce rapportée inattendue dans ces chansons qui oscillent entre humour (Dorothée) et gravité (Ils fument). Comme chez son maître Jacques Brel, Baptiste W. Hamon décrit sans fard les petites amertumes d’un quotidien morne (Les Gens trompés, Boire un coup). Hamon raconte des histoires de gens cabossés par la vie, mais il le fait avec une humanité que ses tendres mélodies et les arrangements minimalistes de Parrish mettent en lumière. L’album comprend enfin un duo avec la Norvégienne Ane Brun, une ballade d’espoir et de révolte qui rappellera à certains l’univers de Leonard Cohen. © Nicolas Magenham/Qobuz