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Léo Ferré

Né à Monaco au milieu de la Première guerre mondiale, le jeune Léo lit très tôt Baudelaire, Verlaine, Rimbaud et Mallarmé et écoute Ravel et Beethoven. Son père aura beau refuser qu'il s'inscrive au Conservatoire, le jeune homme étudie la musique, la joue et met en musique des textes d'autrui. Ses propres textes suivent rapidement. Edith Piaf qu'il rencontre en 1945 le pousse à tenter sa chance à Paris, ce qu'il fera l'année suivante. Il décroche même plusieurs concerts au Boeuf sur le Toit. Son nom circule de plus en plus et ses chansons trouvent de prestigieux interprètes (Renée Lebas, Édith Piaf, Henri Salvador, les Frères Jacques, Catherine Sauvage.). Ferré enregistre de nombreux disques (78 tours, 45 tours et albums) pour le label Odéon entre 1953 et 1958, période où son nom comme auteur, interprète et surtout compositeur s'impose véritablement dans la chanson française avec, cerise sur le gâteau, un Olympia en 1955. Ferré veut surtout être autre. Différent. Ne pas être un énième chanteur de variété. Il chante aussi Baudelaire et Apollinaire, mais conserve également un pied dans l'univers des cabarets et du music-hall. Ces années Odéon prouvent que la frontière, sa frontière, entre chanson et poésie n'est qu'illusion.

Nouvelle décennie et nouveau label : de 1960 à 1974, il enregistre pour Barclay et signe certaines de ses plus célèbres titres : Avec le temps, C'est extra, Il n'y a plus rien, Amour Anarchie, La Solitude. C'est aussi durant cette période qu'il peaufine le son de sa musique avec son orchestrateur Jean-Michel Defaye. Cette vie de mot et de musique qui prendra fin le 14 juillet 1993 en Toscane fut aussi traversée par des références indissociables du bonhomme. Des idées anarchistes à l'adoption de la chimpanzée Pépée en 1961, Léo Ferré n'était évidemment pas un chanteur comme les autres.

Dans les moments les plus exaltés de sa deuxième vie, après 68, Léo Ferré déclarait et déclamait sa camaraderie avec Beethoven, Bartók comme avec Apollinaire ou Rimbaud - cela n'était pas indécent, quoiqu'aient pu en penser des critiques à l'époque. Il en avait toute la légitimité. Il n'était pas un artiste de variétés - il était un artiste dans son temps. Oui, Ferré fut un artiste dans l'acception la plus sérieuse du terme, « à l'ancienne », pourrait-on dire, en musique et en poésie. Regardez ses partitions, sa passion pour l'imprimerie, ses livres, sa vie. Ses projets les plus ambitieux, les plus échevelés ou les plus ambitieux : mettre les poètes en musique, diriger Beethoven, étaient légitimes. Ils s'appuyaient sur une culture immense, littéraire et musicale, sur l'intimité qui était siennes avec ces génies qu'il tutoyait parce qu'il les aimait comme des frères, des confrères. Pas comme des vedettes d'un temps passé.

Talent énorme, dérangeant, marié à son époque et à la sensibilité de son public l'oeuvre de Léo Ferré est un immense arc, une immense évolution, une immense suite de variations pourrait-on dire sur des thèmes constants : la poésie, la musique, les artistes, l'amour, la femme, l'anarchie comme projet individuel.

Léo Ferré chanta la camaraderie mais la voyait comme une fraternité distante et pudique avec son public. Des imbéciles le harcelaient parfois et lui demandaient des comptes parce qu'il chantait la révolution en faisant la vedette - mais sa révolution était un appel à la liberté, elle n'était pas soluble dans un système politique. Parce que Ferré était un artiste, un voyant, son métier n'était pas de conclure mais d'exprimer.

On peut aujourd'hui regarder la production de Léo Ferré avec un oeil neuf, même si ses chansons et ses productions nous ont accompagné depuis longtemps. Car avec la distance les choses se mettent en place. Les parties les plus classiques de son oeuvre, les plus anciennes, surprennent par leurs audaces tant formelles que thématiques. La période Odéon, bien documentée sur Qobuz montre en tous cas au-delà du génie particulier, un artisan de la chanson classique parmi les plus grands, bien sûr. Quand Léo Ferré met en musique les poètes, on l'a peu dit car les spécialistes du classique et de la chanson ne mélangent pas, il réussit aussi bien et certaines fois mieux que Duparc ou Debussy - eh oui.

On a appris récemment, sur Léo Ferré des pans de sa vie personnelle qui parurent troublants à ses admirateurs. L'ouvrage de Annie Butor (Buchet-Chastel) possède de belles qualités et des aspects pour le reste déplaisants. Il faut lire en miroir et en fin de compte la biographie récemment parue chez Gallimard (On couche toujours avec des morts, Ludovic Perrin) pour reconstituer l'image de la personne Léo Ferré et sa nature en somme tragique et émouvante, et revenir aux raisons pour lesquelles on a aimé, et tant de gens ont aimé et aiment Léo Ferré : « Un homme, avec des problèmes d'homme, et de mélancolie ». Quel homme ! Quel artiste !

NOTE SUR LA DISCOGRAPHIE QOBUZ - La discographie de Léo Ferré en téléchargement ou en streaming est assez complète sur les périodes Chant du Monde et Odéon, assez complète sur la période Barclay, et encore indisponible sur la période post-Barclay, ce qui changera vite espérons-le. Nous avons appliqué notre signal Qobuz Référence aux albums qui appartiennent à la discographie « officielle » de l'artiste, afin d'aider nos utilisateurs à se tenir à l'écart de l'avalanche de produits médiocres qui nous sont sans cesse livrés par les chacals exploiteurs du Domaine public, qui n'apportent rien et induisent en erreur l'acheteur mal informé.

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