Hard Normal Daddy

Chronique

Premier disque longue durée de Tom Jenkinson chez Warp, Hard Normal Daddy est un prolongement habile de Feed Me Weird Things. Tout en conservant les éléments jazz et drum’n’bass inhérents à sa musique, Squarepusher adopte sur ce deuxième album une démarche moins rugueuse et plus abordable. L’aspect mélodique a été particulièrement travaillé et le son y est plus rond et affiné que sur ses précédents morceaux sortis sur Rephlex. La pochette, qui superpose photos grossièrement pixélisées et motifs de jeux vidéos époque War Games, est un hommage à sa ville natale Chelmsford. Au verso, l’annonce d’une rave partie sur un mur de garage est un clin d’œil appuyé à toutes les free parties de la région dont Squarepusher était un fervent habitué au début des années 90.

 

Comme le précédent Feed Me Weird Things qui compilait des morceaux vieux de deux ans, Hard Normal Daddy perpétue cette fusion si unique entre lignes de basse héritées du jazz fusion et programmations rythmiques déjantées. Le fantôme de Weather Report (son groupe de jazz rock préféré) et de son bassiste surdoué Jaco Pastorius planent sur de nombreux titres comme les caressants « Papalon », « Ez Boogie », « Male Pill, Part 13 » et le plus funk teinté blaxploitation « Coopers World » qui ouvre l’album. L’auditeur qui préfère les inflexions techno de l’artiste trouvera de quoi se rassasier sur « Anirog D9 » ou « Vic Acid » aux cordes réminiscentes de l’opus d’Aphex Twin Richard. D. James LP de 1996. « Rustic Raver » et ses breakbeats fous furieux et le très hardcore et crasseux « Chin Hippy » de loin les titres les plus techno catapultent l’auditeur au beau milieu d’une rave partie. Véritable surprise de ce disque déjà si diversifié « Fat Controller » s’aventure avec justesse en terre electro-hip hop, scratchs fébriles à l’appui.

 

Pour ceux qui ne connaîtraient pas Squarepusher, Hard Normal Daddy est une porte d’entrée idéale alternant digressions jazz rock et électronique turbulente. A compléter avec le maxi antérieur sorti sur Warp Port Rhombus EP qui développe des ambiances très proches de l’album.

 

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