Eros über alles (Remastered)

Chronique

Sorti en 1988 – soit deux ans après un autre album au titre germanisant (Météo für Nada) aux inspirations tout aussi pop rock – cet album relativement court de l’interprète de La Fille du coupeur de joints surprend par une couleur parfois mainstream qui a pu désorienter certains de ses fans les plus durs. Le morceau le plus représentatif de cette esthétique est sans doute Pulque, Mezcal y Tequila, sorte de carte postale mexicaine dont le charme artificiel et la mélodie accrocheuse sont assez éloignés de l’image « authentiquement rock » du chanteur. En revanche, une chanson comme Droïde Song possède une étrangeté plus anticonformiste, renforcée par des synthétiseurs tout droit sortis d’un film de John Carpenter. Coécrit avec son guitariste Claude Mairet, cet opus fait naturellement la part belle aux solos du musicien, notamment dans l’impeccable Amants destroy. Par ailleurs, Eros Über Alles met particulièrement en lumière le Thiéfaine « poète maudit » qui a fait sa réputation au sein du paysage rock français. Mais tout en maniant avec dextérité l’écriture de paroles acerbes, il ne crache pas pour autant sur l’humour (noir) et l’ironie (Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir). A noter enfin que le rockeur peut s’adonner à une certaine forme de tendresse, à l’image de ce Septembre rose, écrit suite à la naissance de son fils Hugo. ©Nicolas Magenham/Qobuz