Dolomite Dub

Chronique

Du dub avec un esprit jazz, c’est ce que propose l’artiste autrichien Ulrich Troyer sur ce maxi qui dure quasiment le temps d’un album, avec quatre plages d’une dizaine de minutes chacune. Accoler dub et Autriche fait immédiatement penser à l’école viennoise développée par Kruder & Dorfmeister, mais c’est via l’Angleterre que Troyer s’est fait remarquer, avec la trilogie Songs for William, signée par l’impeccable label Deep Medi Music, mené par Mala des Digital Mystikz, le chantre du dubstep londonien de la première génération (la meilleure ?).

Ce Dolomite Dub démarre par de longues minutes de bruits d’ambiance, comme si l’on entendait le groupe s’installer dans le studio, avec des objets déplacés ou une cloche qui sonne, avant que la basse ne s’en mêle pour lancer une sorte de jazz-dub-ambient, avec les effets de rigueur mais sans la batterie “jamaïcaine”. Et pour cause : derrière les fûts, on retrouve Didi Kern, qui a notamment accompagné dans le passé le sax free-jazz du Suédois Mats Gustafsson. Ses mouvements tout en retenue montre le chemin vers l’expérimentation – l’ADN du dub – au bassiste Jürgen Berlakovich et à la clarinettiste Susanna Gartmayer, tous deux membres du projet The Vegetable Orchestra, tandis que Troyer supervise la session pour livrer l’un des disques de dub les plus libres et organiques de l’histoire du genre. © Smaël Bouaici/Qobuz