Le sentiment de se trouver en présence d’un crime de lèse-majesté totalement iconoclaste dans la démarche d’Alexandre Tharaud et de Jean-Guihen Queyras est balayé dès l’écoute des premières mesures de leur nouvel album en commun. Amoureux, et on les comprend, de la fabuleuse musique de Marin Marais, ils ont décidé de s’en emparer en la transcrivant pour leurs instruments : un piano et un violoncelle modernes.
Marin Marais | Alexandre Tharaud et Jean-Guihen Queyras | Les Folies d'Espagne [teaser]
harmonia mundi musicCette joyeuse transgression, qui va lorgner parfois jusqu’à Poulenc, rejoint les interprétations du début du siècle dernier, à l’époque où Fritz Kreisler et consorts n’avaient pas peur de jouer, voire de pasticher, les musiques qu’ils aimaient sans aucun souci historique. Mais à l’inverse, nos deux musiciens sont « historiquement renseignés ». Ils ont écouté Nikolaus Harnoncourt, Jordi Savall, Ton Koopman ou Hopkinson Smith tout en recréant à leur façon la musique de Marin Marais en l’adaptant à des instruments inconnus de lui.
Marin Marais | Alexandre Tharaud et Jean-Guihen Queyras | Gavotte (Suite en la mineur) [clip]
harmonia mundi musicSous leurs doigts agiles, Les Folies d’Espagne dansent de manière effrénée, Le Badinage semble sortir d’une toile de Watteau et l’Opération de la taille (opération des calculs rénaux), commentée par Guillaume Gallienne, semble presque supportable, pour ne pas dire franchement comique. Tharaud et Queyras nous font partager à leur manière leur amour pour une musique subtile et raffinée qui peut encore nous parler au-delà d’une simple reconstitution.
