Du 17 au 22 janvier 2011, le Domaine privé de Patti Smith se tiendra à la Cité de la Musique et à la Salle Pleyel avec concerts, lecture et projection.

A la Cité de la Musique et la Salle Pleyel, Patti Smith sera fêtée, le temps d’un Domaine privé qui se déroulera du 17 au 22 janvier 2011, avec concerts, lecture et projections.

Un jour ou l’autre, parfois même avant d’enfiler le costard en sapin, les rebelles entrent au musée, sont sanctifiés ou glorifiés. Patti Smith n’échappe guère à une telle célébration, elle la pythie punk dont l’androgynie revendiquée et la poésie choc pétrifia la Grosse Pomme de l’ère punk.

Ce Domaine privé débutera lundi 17 janvier, à 20h, à la Cité de la musique avec la projection du film Patti Smith : Dream of Life de Steven Sebring, suivie d’une rencontre avec Patti Smith en personne. Pour réaliser ce documentaire, Sebring a suivi son sujet pendant onze ans. C’est elle-même qui improvise le commentaire en voix off d’un film qui ne cherche pas à retracer une carrière, qui laisse plutôt s’assembler des bribes, s’accordant ainsi à la chanteuse lorsqu’elle déclare : « La vie n’est pas une ligne verticale ou horizontale. » Patti Smith évoque volontiers sa vie, ses enfants, ses objets secrets, ses compagnons de route comme le guitariste Lenny Kaye, qui l’accompagne depuis ses débuts, ou le photographe Robert Mapplethorpe, avec qui elle a vécu au début des années 1970. De ce kaléidoscope d’images, il ressort, comme le dit le réalisateur, que « Patti Smith n’est certainement pas qu’une icône du rock. » Photographe, poétesse, militante, elle est toujours surprenante, entre sa timide réserve et la rage qu’elle laisse éclater dans ses performances.

Le lendemain, mardi 18 janvier, toujours à 20h et toujours à la Cité de la musique, la chanteuse lira ses propres textes et de ceux de ses auteurs favoris comme Rimbaud, Dylan, Genet, Camus, Burroughs et Ginsberg. Pour l'occasion, elle sera accompagnée par Jack Petruzzelli (guitare), Jesse Smith (piano), Mike Campbell (percussions), Luca Lanzi (guitare) et Andreas Petermann (violon). Dans une interview de 1996 intitulée Because the Light, Patti Smith revenait sur ses essais poétiques et ses lectures : « Mes premières aspirations, c’était de pouvoir écrire le genre de choses qu’écrivaient Robert Louis Stevenson et Rudyard Kipling. Et, en tant qu’adolescente, je m’imaginais aussi faire de la poésie jazz. J’écoutais simplement Coltrane et j’écrivais de la poésie. Lorsque j’ai découvert la poésie de Rimbaud, j’ai en fait arrêté d’écrire pour un temps. Je me souviens d’avoir vu un exemplaire des Illuminations en vente sur une table de livres d’occasion. Quand je l’ai ouvert, je ne comprenais pas vraiment. Pourtant, de quelque manière, je savais que c’était le langage parfait. Il avait l’air de scintiller. Je savais qu’un jour je le déchiffrerais. » Non seulement elle l’a déchiffré, mais elle n’a cessé de s’inspirer de lui et de bien d’autres – Dylan, Genet, Camus, Burroughs, Ginsberg… – dans ses propres textes qu’elle lit en public depuis les années 1970…

Jeudi 20 janvier, même heure, même lieu, avec un concert baptisé Unplugged Dreams où la chanteuse a souhaité revenir à une formule dépouillée et intimiste : l’acoustique, peut-être le meilleur écrin, dans sa sobriété, pour laisser s'épanouir les infinis registres de sa voix. Une expérience qui s’adossera contre la musique jouée par Lenny Kaye (guitare), Jesse Smith (piano), Mike Campbell (percus), Luca Lanzi (guitare) et Andreas Petermann (violon).

Vendredi 21 janvier, à la salle Pleyel, Patti Smith accompagné par Philip Glass célèbreront l’ovni Ginsberg. Trois noms synonymes d’une certaine Amérique, si loin mais si moderne à la fois : la prêtresse punk Patti Smith, le pape du minimalisme Philip Glass et le trublion Allen Ginsberg. Les deux premiers rendront hommage à leur ami disparu au printemps 1997, sans doute le poète américain le plus inclassable du XXe siècle. Un apatride de l’esprit qui fusionnera Dylan et Kerouac, le jazz et le rock, les beatniks et les hippies, l’engagement politique et la libération sexuelle. Figure majeure de la Beat Generation dont la poésie a fortement influencé l'émergence des idées hippies, Ginsberg était un instantanée à lui seul d’une Amérique d’après guerre dont il aimait à chatouiller et ébranler le sacro-saint rêve, armé d’un fouet de liberté qu’il fit claquer tout au long de sa vie… A Pleyel, ses amis et compagnons de route se recueilleront en musique et en poésie.

Ce Domaine privé se conclura samedi 22 janvier à Pleyel par un grand concert au cours du quel Patti Smith rejouera dans son intégralité son incontournable album Horses. Son aura est déjà grande lorsqu’en 1975 parait ce premier album. La pythie du rock newyorkais ose alors le carambolage entre ses icones de l’écrit (Rimbaud, Genet…) et celles du rock’n’roll (Van Morrison, les Who…). Un alliage typiquement newyorkais qu’elle fait revivre à Pleyel. Album phare du punk de la Grosse Pomme alors naissant, produit par l’ex-Velvet Underground, John Cale, Horses était porté par la furie électrique de la guitare de Lenny Kaye et de celle de deux figures majeures du rock enragé : Tom Verlaine, leader culte des tout aussi cultes Television, et Allen Lanier de Blue Öyster Cult. Un déluge furibard offrant alors à la poétesse l’écrin parfait pour tirer ses tentures de mots rageurs ou charnels. Tentures toujours aussi nécessaires 35 ans plus tard… Sur scène, Patti Smith sera entourée de Lenny Kaye (guitare), Jack Petruzzelli (guitare), Tony Shanahan (basse) et Jay Dee Daugherty (batterie).

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