Les musiciens d’Europe du Nord ont toujours su ajouter un twist arctique à tous les genres de musique, et la sphère électronique n’y a pas échappé. Tour d’horizon en 11 étapes des artistes danois, suédois, norvégiens ou finlandais qui font glisser la techno, la house, le disco ou le dub vers de nouvelles latitudes.

Jori Hulkkonen

C’est au bord de la Baltique, à Oulu, dans le nord de la Finlande, que Jori Hulkkonen a composé ses premiers titres influencés par la luminosité locale. La scène électronique étant inexistante dans sa région au début des années 90, il contacte F Communications, le label de Laurent Garnier, qui l’avait impressionné lors de son passage à Helsinki. Le label français sort son premier album Selkäsaari Tracks en deux parties, et l’accompagne jusqu’à sa mise en sommeil en 2008, donnant une aura internationale à sa techno planante, véritable hommage à Underground Resistance avec un twist nordique. “Vous savez, en Finlande, on reste plusieurs mois sans soleil, l’atmosphère y est plutôt triste et glauque, les gens très introvertis. Tout ceci est évident sur l’album”, expliquait-il. Il garde cette patte et ce son tout au long de sa carrière chez F Com (The Spirits Inside Me (1998), When No One is Watching We Are Invisible (2000), Different (2002)), exacerbant son côté atmosphérique, mêlant des influences new wave et parfois plus pop, invitant des chanteurs comme le Suédois José González, sur la samba glaciale Blinded by Numbers sur l’album Dualizm. Et plus il vieillit, moins Hulkkonen, DJ accompli, pense au dancefloor, comme il l’expliquait au moment de la sortie de Simple Music for Complicated People en 2018, hébergé par le label de Toronto My Favorite Robot. “Il n’y a pas de titres DJ friendly évidents. C’est plutôt le genre d’album qu’on écoute avec un verre de vin dans son salon en contemplant la chute à venir de la civilisation occidentale.”

Todd Terje

Devenu populaire grâce à ses innombrables édits dans les années 2000 (il en a composé plus de 600, de José González à Michael Jackson, en passant par Chic ou Stevie Wonder mais aussi le groupe suédois Ace Of Base (pour une version dub de All That She Wants étrangement cool sous le pseudo Chuck Norris), Todd Terje (ça se prononce terrier) a vite été considéré, dans le sillon de ses compatriotes Lindstrøm et Prins Thomas, comme le héraut de la disco house nordique à tendance cosmique grâce au succès phénoménal de son titre Inspector Norse en 2012, composé avec un vieux synthé des années 70 et sorti sur le label essentiel Smalltown Supersound, basé à Oslo. Le hit a été suivi d’un premier – et pour le moment unique – long format, It’s Album Time, featuring notamment Bryan Ferry, séduit par son remix de Love Is the Drug de Roxy Music. Inconditionnel du remix (presque tous ses EP en sont accompagnés), Todd Terje a continué de piocher dans le passé avec Maskindans en 2017, un titre très kraftwerkien sorti dans les 80’s par le groupe norvégien Det Gylne Triangel, qu’il a invité à réenregistrer pour lui donner une tournure moins sombre, plus groovy, plus joyeux, la marque de fabrique du Norvégien.

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