Hi-Res
Elle n’avait pas quinze ans quand le succès a fait irruption dans sa vie en 1999, dans le sillage d’autres stars de la pop adolescente comme Britney Spears ou Christina Aguilera. Observant une régularité exemplaire pendant une décennie, elle va publier six albums d’une qualité croissante, passant d’une machine à tubes infernale, frôlant le million d’exemplaires à une songwriter honnête, rien de moins. Au passage, ses ventes ont fondu comme neige au soleil, mais elle a gagné en crédibilité auprès de la profession et du public, se débarrassant de ses oripeaux dance-pop pour embrasser une folk-pop plus authentique et personnelle. Parallèlement, la jeune femme s’est de plus en plus investie dans sa carrière cinématographique, débutée discrètement dans Dr. Doolittle 2 par une voix off, pour finalement obtenir des rôles plus importants dans des productions en vue comme Permis de mariage ou Midway. Elle est aussi très présente à la télévision, multipliant les apparitions dans des séries. Autant de raisons qui l’ont tenue éloignée des studios pendant une décennie, ajoutées à une relation amoureuse toxique selon elle, Ryan Adams, contrôlant sa carrière au point de créer un blocage psychologique, ainsi qu’une difficulté à assumer ses premières années dans le métier, quand la dimension artistique n’était pas sous son contrôle. Mais le silence discographique de la chanteuse prend fin en 2020 avec Silver Landings, un disque solaire, rayonnant, qui répond pleinement aux attentes des fans. Pour l’occasion, elle s’est entourée de Mike Viola à la production, déjà aux manettes de son précédent opus et Taylor Goldsmith, son nouveau compagnon et membre du groupe folk-rock Dawes. L’influence de ce dernier est palpable, il insuffle la douceur proprement californienne qu’il a su développer dans son propre univers musical. En quête d’authenticité pour ce retour en grâce, Mandy Moore a pris le parti avec ses collaborateurs de travailler en analogique, répétant tous les titres en amont avec son groupe, inlassablement, avant d’enregistrer sur bande. Un choix pleinement assumé, aux antipodes de ce que son début de carrière laissait entrevoir. Entre subtiles références à ses idoles comme George Harrison ou Joni Mitchell, titres country rock comme « Save a Little For Yourself » à la chaleur organique salvatrice, pop songs caressantes comme « I’d Rather Lose », ballades nostalgiques et autobiographiques comme « Fifteen », hommage à son État d’adoption (« Trying My Best, Los Angeles ») et douceurs sucrées à l’instar de « Forgiveness », la chanteuse opère avec douceur et assurance. Certes, rien ne dépasse sur ce disque aux atours séduisants, tout est si lisse qu’il pourrait pâtir d’un manque de personnalité, mais son homogénéité et le soin apporté aux mélodies autant qu’à la production, le rendent agréable en tout point, sans autre prétention que de faire du bien. Et elle le fait parfaitement. Que les fans se rassurent, elle a déjà prévenu : elle n’est cette fois pas prête à laisser s’écouler de nouveau dix ans avant le prochain opus.
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