Louise Farrenc

Louise Farrenc (1804-1875), née Jeanne-Louise Dumont dans une famille d’artistes, entra à l’âge de quinze ans au Conservatoire de Paris où elle étudia dans les classes d’écriture avec Reicha ; c’est au Conservatoire qu’elle rencontra le flûtiste Aristide Farrenc qui lui donnerait son nom en 1821, et ferait tout son possible pour promouvoir la carrière de son épouse – sachant qu’en ce temps, une femme compositeur était considérée comme une rareté, voire une curiosité. Sa carrière la porterait quand même jusqu’au professorat de piano au Conservatoire, tandis que ses œuvres seraient bientôt données par Habeneck et la Société des concerts du Conservatoire de Paris, à Bruxelles, sous la direction de Fétis, et son Nonette joué par rien moins que Joseph Joachim. À la mort tragique de sa fille encore jeune, Louise cessera de composer, même si elle poursuivra ses activités pédagogiques, ainsi qu’un impressionnant travail d’édition d’œuvres pour piano allant des Élisabéthains jusqu’à la musique contemporaine, celle de Weber et Chopin entre autres. Hélas, l’immense réputation dont elle put jouir de son vivant s’éteignit avec elle, en 1875 ; sans doute plusieurs facteurs contribuèrent-ils à ce déclin. Son appartenance au monde classique, alors que le romantisme avançait à grands pas ; l’absence d’opéras dans son répertoire, à une époque où le genre était quasi-obligatoire pour qui voulait laisser une empreinte ; une certaine influence germanique, qui serait vue d’un œil sombre à partir de la guerre franco-prussienne ; et, bien sûr, le fait qu’elle fût une femme. Dommage pour la postérité, car Louise Farrenc mérite une place équivalente à bien des compositeurs de son temps. Gageons que les enregistrements de ses œuvres, toujours plus nombreux, permettront à son nom de retrouver la place au soleil qui lui revient. © SM/Qobuz