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JJ Cale

Pas de drogue, ni de sexe, de prison, de dérapages ou d’anecdotes croustillantes. Rien ! Zéro ! Nada ! La vie comme la carrière de J.J. Cale fut un quasi long fleuve tranquille… Soixante-quatorze années de sérénité pour une influence maousse sur ses contemporains. Même sur disque, cette sorte d’ermite mal rasé ne fera pas dans l’incontinence, laissant seulement une grosse dizaine d’albums studio derrière lui. Mais si J.J. Cale reste aussi essentiel cinq ans après avoir passé l’arme à gauche, c’est qu’il fut bien plus qu’un énième bluesman attachant. Et peut-on d’ailleurs parler de blues…

J.J. Cale était un style à lui seul. Une sensation. Douceur, langueur, tranquillité, relaxation, paresse, laid backcomme disent les Américains et pas d’affolement lorsqu’il s’agit d’évoquer sa musique. Musique identifiable par cette nonchalance revendiquée, pour ne pas dire brandie comme l’étendard d’un mode de vie, loin de ses contemporains. Reconnaissable aussi par ce chant susurré, chuchoté, murmuré au creux de l’oreille. Une voix plus proche de la caresse d’un Mississippi John Hurt que du coup de griffe d’un Howlin’ Wolf. Enfin il y a cette batterie électronique utilisée çà et là, elle aussi composante majeure de ce son J.J. Cale. Entre 1972 et 1979, il gravera cinq merveilles qui ont façonné cette patte à la cool : Naturally (1972), Really (1973), Okie (1974), Troubadour (1976) et 5 (1979), sur les pochettes desquels il prendra soin de ne jamais placarder sa trombine. Sunlights, tapis rouges et panthéons, pas le genre de la maison… 


Pour en arriver là, il y eut un coup de pouce du destin nommé Eric Clapton. En 1970, le guitariste britannique a la judicieuse idée de reprendre After Midnight sur son premier album, Eric Clapton. Le chèque suivra mais surtout, tous se demandent qui est l’auteur de cette chanson… On en sait peu. Né à Oklahoma City en décembre 1938, John Weldon Cale a usé ses fonds de culotte sur les bancs d’une école de Tulsa. Il joue de la guitare, adore Chuck et Chet mais ne sonne ni comme Berry, ni comme Atkins. A l’armée, peu excité par le maniement du M16 et des grenades, il préfère la mécanique et le bricolage. Une passion qui le pousse vers les studios d’enregistrement où il apprend la captation et la production. De peur qu’on le confonde avec le complice de velours de Lou Reed, John Cale devient J.J. Cale.


A Nashville, il alterne entre ingénieur du son et musicien de session et continue à écrire ses petites chansons. Le pianiste Leon Russell le pousse à déménager à Los Angeles, au milieu des années 60, pour tenter de percer. Cale joue de clubs en clubs en solo et avec Delaney & Bonnie avant que le tandem ne soit connu. Certaines pointures comme George Harrison ou Eric Clapton entendent ses ritournelles à part qui mêlent blues, folk et jazz… Ce fameux After Midnight, J.J. Cale aura le temps de l’enregistrer avec quelques autres singles avant de rentrer à Tulsa, dégoûté d’enchaîner les échecs et surtout de stagner. La légende veut qu’il ait vendu sa guitare à son confrère Marc Benno pour se payer le bus de retour ! La légende, toujours elle, dit aussi qu’il ne croira à la reprise de Clapton qu’après l’avoir entendue à la radio. Le déclic donc.


Peu de monde gravite autour de J.J. Cale. Christine Lakeland, sa femme musicienne, l’amour de sa vie, avec laquelle il passe une grande partie de sa vie. Et Audie Ashworth, que certains considèrent comme son alter ego, l’un des rares à vraiment compter. Ce producteur de Nashville sera derrière la console de ses principaux albums… C’est Ashworth qui le pousse à surfer sur le succès du single de Clapton pour mettre en boîte à Nashville son tout premier album. Naturally paraîtra en 1972. Logiquement, Cale réenregistre After Midnightqu’il glisse au milieu de onze autres compositions. Tout l’art du bonhomme est là. Dans l’artisanat d’associer avec singularité des genres que d’autres avant lui ont également mélangés. On sort donc de Naturally sans savoir si c’est du blues, du folk, de la country, du jazz… Il y a cette sensation de bien-être et d’air de ne pas y toucher alors que chaque note, chaque son, chaque riff, chaque cuivre est soupesé, parfaitement positionné… Une recette qu’il déroulera jusqu’à la fin de ses jours.


Avec l’argent qui tombe, J.J. Cale ne se paye ni un séjour aux Maldives, ni un jet privé. Non. Une Cadillac de temps en temps, du matos pour son studio et des guitares. Sa vieille Harmony n’est plus seule et a été vite rejointe par des Les Paul, Stratocaster, Martin, Ovation, Gibson… Avec Audie Ashworth, il développe ce studio d’enregistrement, histoire d’avoir encore moins à se déplacer. Et lorsque tous les deux ans, on ose le déranger pour qu’il prépare un nouveau disque, Cale, surpris, répond généralement : « Ah pourquoi ? Y’avait un problème avec le précédent ? »


En 1977, Eric Clapton récidive et ouvre son album Slowhand par une nouvelle reprise de J.J. Cale, Cocaine, qui figurait sur Troubadour. En 1988, la star réenregistrera même After Midnight pour une publicité pour la bière Michelob. « Les royalties de cette pub, c’était comme si j’avais un salaire mensuel sur des années… », se réjouira l’intéressé. Il faudra tout de même attendre novembre 2006 pour que les deux hommes unissent leurs forces le temps d’un disque. Avec The Road to Escondido, qu’ils enregistrent avec des pointures comme Derek Trucks, Albert Lee, Pino Palladino, Billy Preston et Taj Mahal, Eric et John décrocheront même un Grammy Award… Mais le guitar hero britannique n’est pas le seul fan de Cale. Et la terre entière reprendra After Midnight (Jerry Garcia, Wire…), Call Me the Breeze (Lynyrd Skynyrd, Johnny Cash, Bobby Bare, John Mayer…), Clyde (Waylon Jennings), I Got the Same Old Blues (Captain Beefheart, Bryan Ferry, Lynyrd Skynyrd, Freddie King…) ou bien encore Magnolia (Poco, Beck, Lucinda Williams…). En 2014, Clapton produira l’album hommage The Breeze: An Appreciation of J.J. Cale avec Tom Petty, Mark Knopfler, John Mayer, Willie Nelson, Derek Trucks, Christine Lakeland et quelques autres. Même le grand Neil Young, dans son autobiographie Shakey, écrira : « De tous les musiciens que j’ai entendus, Hendrix et J.J. Cale sont les meilleurs guitaristes électriques. »


© Marc Zisman / Qobuz

Discographie

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