Catégories :
Panier 0

Votre panier est vide

Federico Mompou

Tout jeune déjà, Federico Mompou entend Fauré jouer son propre Quintette en concert à Barcelone : ce sera l'événement déclencheur de la carrière musicale du Catalan. Après quelques études dans sa ville natale, il se rend à Paris en 1911 - sur recommandation de Granados -, l'incontournable centre de la planète musicale d'alors, où il étudiera le piano avec Isidor Philip. Mais son extrême timidité lui ferme la route de la «carrière» de pianiste concertiste, de sorte qu'il se replie sur une vie de composition. Entre 1914 et 1921, il est de retour à Barcelone où il écrit ses premières grandes oeuvres. Grandes est à prendre ici au sens métaphorique, car la musique de Mompou brille par sa réserve, son extrême économie de moyens et son apparente simplicité. C'est là l'exemple de Satie et de Fauré bien plus encore que celle, pourtant transparente dans la conduite harmonique, d'un Debussy.



Entre 1921 et 1941, il séjourne à nouveau à Paris où les Années folles lui offrent le spectacle de la plus invraisemblable marmite de nouveautés, d'avant-gardismes, d'insolences, de prétentions et de génie - ce qui ne l'empêche pas de toujours rester d'une timidité et d'une modestie de tous les instants. Il faudra un article dithyrambique d'Emile Vuillermoz dans Le Temps du 24 mai 1921 pour mettre sur l'avant-scène le doux musicien : « Il ne cherche pas à dominer l'instrument, à l'écraser, à lui imposer la loi de ses muscles et de sa volonté : il s'efface, au contraire, modestement derrière les mirages sonores qu'il a fait naître d'une sollicitation discrète, mais persuasive. Il est, lui-même, une harpe vivante, tendue de nerfs frémissants, qui entre en vibration au moindre choc, d'une manière que l'on pressent un peu douloureuse. Rien d'éclatant, rien de retentissant, rien d'étourdissant. Peu de bruit, mais un choix discret et attentif de deux ou trois notes qui présentent immédiatement le caractère d'une trouvaille. Cette petite tierce mélancolique, qui s'évapore à la façon du parfum, l'aviez-vous jamais entendue avant lui ? Cette quarte qui tinte doucement sous vos doigts comme si vous aviez heurté un vase de cristal, en soupçonniez-vous l'existence secrète, dans ce clavier dont vous pouviez vous flatter de connaître tous les trésors ? » Plus loin : « Il n'y a jamais eu de véritables debussystes en France. Le seul disciple et continuateur de l'auteur de La Mer que l'on ait le droit de citer est peut-être bien le jeune Espagnol Frédéric Mompou qui, sans avoir jamais connu Debussy, a recueilli et compris l'essentiel de son enseignement. Mompou est un debussyste authentique... » Bel et éclatant hommage de l'un des principaux chroniqueurs musicaux du XXe siècle. (Découvrez ici l'intégralité de l'article). Qui plus est, cet éloge lui vaut l'estime et l'amitié de tous les grands artistes mondiaux qui convergeaient alors en France, même s'il resta toujours modestement en retrait des grands éclats. Aucun concert public, uniquement des présentations dans le cercle privé... pas de quoi faire «carrière», mais tout le monde adore ce doux personnage.



En 1941 Federico Mompou retourne à Barcelone, fuyant l'occupation allemande, et passe le reste de sa longue vie en Catalogne, couvert d'honneurs, à composer tranquillement, surtout pour le piano ou la voix, un peu aussi pour l'orchestre - en particulier son délicieux ballet Don Perlimpin ; il se marie à une pianiste de trente ans sa cadette, et s'éteint doucement en 1987 à l'âge de 94 ans. Plus Mompou avançait en âge, plus sa musique se faisait silencieuse, transparente, insaisissable, comme des improvisations soigneusement notées. Entre 1959 et 1967, il compose en particulier son extraordinaire recueil Musica callada, qui peut se traduire par « musique non prononcée », « musique silencieuse », et en effet, ce sont là les plus magiques évocations du non-formulé qui puissent être. On trouve peu d'hispanisme à l'arabo-andalouse chez Mompou, qui était un vrai Catalan occitan ; les éventuelles (et très discrètes) influences folkloriques sont donc tout autres que celles d'Albéniz ou de Granados... ou celles qui ont donné naissance aux espagnolades de Debussy, Bizet ou Ravel, en vérité. Une autre influence sonore, c'est celle des cloches, une véritable approche de ce qui deviendrait plus tard le « tintinnabuli » d'un Pärt. Les ancêtres français de Mompou étaient d'ailleurs fondeurs de cloches...



Il existe de nombreux enregistrements de Mompou jouant sa propre musique : on ne peut qu'enjoindre l'aficionado de se ruer sur ces petits bijoux. Retrouvez également Mompou au piano accompagnant Victoria de los Angeles dans l'une de ses mélodies.



© Qobuz 01/2013

Discographie

11 album(s) • Trié par Meilleures ventes

Mes favoris

Cet élément a bien été <span>ajouté / retiré</span> de vos favoris.

Trier et filtrer les albums