Rencontre avec le fondateur du festival des Riches Heures de La Réole consacré aux musiques anciennes et dont l’édition 2014 se déroulera du 26 au 28 septembre.

La sixième édition des Riches Heures de La Réole se déroulera du 26 au 28 septembre. Cette cuvée 2014 de ce festival de musiques anciennes sera consacrée aux Passions, qu'elles soient d'essence divine ou humaine. Fondateur en 2009 de cet événement à La Réole où il est installé depuis 2007, Jean-Christophe Candau veut transmettre cette passion de découvrir d'autres cultures, d'autres musiques et d'autres temps au plus grand nombre. Rencontre.

Les Riches Heures de La Réole programment dans leur Festival les musiques du Haut-Moyen-âge de la Renaissance et du Baroque et correspondant à diverses aires géographiques. Pourquoi associer des traditions musicales si différentes ?

Jean-Christophe Candau : Il y a d'abord l'envie de faire découvrir un répertoire musical immense peu joué et trop peu diffusé et d’encourager les artistes qui cherchent les sources de la musique comme le suggère l’expression anglaise, early music pour musique ancienne. Le Festival établit des passerelles avec le temps présent en démontrant comment des musiques d’aujourd’hui ont leur inspiration dans le patrimoine ancien. Il fait la part belle au dialogue entre des styles et des expressions qui malgré leurs différences se rejoignent dans une même célébration du son. En ce sens, le Festival contribue à la valorisation du lien entre les cultures et entre le passé et le présent.

Quelle est la part de création inédite ?

Les musiques anciennes sont des œuvres qui suscitent en grande partie la créativité car leurs diffusions ont été interrompues dans le temps. Cela permet aux artistes une certaine liberté dans leur choix d’interprétation. A côté d’œuvres souvent jouées, nous en avons toujours au moins une recrée à chaque édition. Cette année, c'est la Passion selon St Matthieu de Claudin de Sermisy (maître de chapelle au XVIe siècle à la Sainte Chapelle) imprimée pour la première fois en 1534 avec d’autres motets du même auteur ainsi que d’Antonius Divitis, et de Pierre Certon. En 2013, des chants sacrés de Corse et du Comté de Nice, en 2012 c'était le Requiem de Pierre Certon jamais sorti des rayons de la Bibliothèque Nationale de France. L'inédit c'est aussi que nous associons dans un même concert un dialogue entre deux traditions musicales différentes. Cette année Ophélie Gaillard, son ensemble Pulcinella avec Claire Lefilliâtre et les solistes de la musique byzantine, vont visiter le XVIIe siècle espagnol, italien, anglais et grec ! C'est très excitant y compris pour les artistes.

Quelle est votre place dans le monde des festivals ?

Elle est très simple à définir : le festival veut faire la part belle à dix siècles de musiques trop peu diffusées et permettre à un large public de découvrir ... les autres Mozart ! Ensuite, je vous dirai ce que me disent les artistes qui comme les King's Singers nous font l'amitié de venir. Il se dit que la proximité du public et des artistes assure une qualité d’écoute très particulière. C'est un festival assez intimiste, entre 200 et 500 personnes par concert. Le contact est facile. C'est aussi pourquoi nous aimerions assurer une diffusion par radio ou avec un portail comme Qobuz pour toucher un public plus large. Si quelqu'un m'entend je suis preneur…

Pourquoi la Réole ?

Tout d’abord parce que l’ensemble Vox Cantoris qui est à l’origine du Festival, s’y est installé par hasard.... ou bien par attraction inévitable ! La Réole est une ville très ancienne de Gironde dont le patrimoine est exceptionnel : Le plus ancien Hôtel de ville offert par Richard Cœur de Lion à la ville, des maisons à colombages, un immense prieuré bénédictin, des hôtels XVIIIe... C’est pour cela que, depuis janvier dernier, La Réole a été labélisée Ville d'art et d'histoire, ce qui fait d’elle la deuxième ville de Gironde avec Bordeaux à l’avoir été. C'est une terre dont l'histoire est faite de connexions avec les cultures maures, espagnoles, anglaises... et aujourd'hui encore les italiens, les anglais, les marocains vivent ici, en terre occitane. Le Festival avec le soutien des élus locaux contribue à l’animation culturelle de cette ville qui mérite qu’on la rencontre !

Quels sont vos projets ?

Tout ! Plus sérieusement, en 2015, La Réole va retrouver ses orgues historiques, disparues depuis la Révolution, ce sera un évènement considérable pour le monde de l’orgue ! Plusieurs associations dont celle des Amis de l’orgue s’activent dans la préparation de l’inauguration et des concerts qui suivront. Ce sera un évènement qui dépassera largement nos frontières ! En 2015, nous n’oublierons pas d’évoquer bien sûr les 500 ans de la bataille de Marignan ! Tant de musiciens l’ont célébrée !

Le site du Festival de Musiques Anciennes de la Réole