Vingt ans après, le chef d'œuvre du gang suédois, sommet de death metal progressif, ressort en dans une édition anniversaire...

Tout le monde n’a pas le talent pour pondre un album qui, en plus de devenir une véritable référence, n’a pris aucune ride vingt ans après sa sortie, exploit délicat dans le milieu du metal ou les tendances comme les modes de production sont allés à une vitesse folle entre les années 90 et les deux premières décennies du XXIe siècle. Opeth a réussi cet exploit.

Quand Blackwater Park sort en 2001, le combo suédois a déjà posé les jalons de ce que sera son style au cours des années à venir, quelque part entre le death metal et le rock progressif vintage. Mais ce disque possède une magie indescriptible qui explose les frontières des genres pour mieux réunir les adeptes de différents registres autour de son contenu. Est-ce encore vraiment de death metal ? Peut-on considérer cet album comme le rejeton d’un King Crimson mâtiné de Pink Floyd dont les guitares plongées dans la plus sombre des saturations seraient relevées par un chant alternant le clair et le guttural avec une facilité déconcertante ? On en perdrait ses repères… avec délectation.

Opeth - The Leper Affinity (Live at Shepherd's Bush Empire, London)

OpethVEVO

La force de Blackwater Park réside autant dans la manière dont il fut composé que dans sa production. Car au-delà de son approche décalée du metal, aussi lyrique qu’aventureuse sans jamais verser dans le pompier, ce petit bijou possède un son plus ouvert, moins ramassé et plus clair que bon nombre de ses contemporains. Un résultat du au travail acharné de Steven Wilson dont c’est la première expérience en tant que producteur dans ce registre. C’est aussi l’album qui marque le début d’une amitié indéfectible qui va se nouer entre l’artiste anglais et Mikael Åkerfeldt, leader d’Opeth, les deux hommes allant jusqu’à monter un projet commun nommé Storm Corrosion quelques années plus tard.

Opeth - Harvest | Official Music Video

Music For Nations

Tout débute avec The Leper Affinity dont la sombre puissance impose d’emblée un groupe qui maîtrise parfaitement son lexique death metal… jusqu’à ce que débarque un premier break, emmené par des guitares acoustiques et une voix calme et aérienne. On comprend alors qu’il s’agit seulement du début d’une aventure musicale hypnotique dont un des points d’orgue restera sans nul doute le sublime Bleak et son passage central digne des plus grands groupes progressif de la fin des années 60.

Bleak - Opeth ( Live @ Roundhouse Tapes)

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Deux morceaux à peine et déjà une vingtaine de minutes d’une beauté et d’une intensité rares viennent de s’écouler. Il en sera de même avec le reste de l’album. Chaque musicien maîtrise son instrument à la perfection. Malgré l’apparente complexité structurelle des morceaux proposés, tout glisse avec une facilité déconcertante et ce, jusqu’au Blackwater Park de clôture, d’une noirceur profonde et d’une beauté rare. Un chef d'œuvre autant qu’un jalon qui fit entrer Opeth au Panthéon des incontournables du metal qui ont su briser les frontières des genres. Culte.

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