Pour fêter l'anniversaire de son chef d'œuvre enregistré avec les Stray Gators, Neil Young offre une nouvelle édition agrémentée d'un live en solo de 1971 et de quelques bonus tracks.

Pour le grand public comme pour bon nombre de ses fans, Harvest demeure le sommet de la riche discographie seventies de Neil Young. Sur fond de country-rock et de folk on ne peut plus mélancolique, l’art de celui qu’on surnomme le Loner brille de mille feux tout au long de ce quatrième album paru en février 1972. Une sorte de Graal baba bucolique et champêtre enregistré avec un nouveau groupe de géniaux requins de studio de Nashville baptisé les Stray Gators avec Ben Keith à la steel guitare, Kenny Buttrey à la batterie, Tim Drummond à la basse et l’immense Jack Nitzsche au piano et au arrangements. Harvest qui met parfois à nu sa relation tumultueuse avec la comédienne Carrie Snodgress – mère de son premier fils Zeke – offre aussi d’impressionnantes zones d’ombre comme The Needle and the Damage Done, renversante ballade sur la dépendance à l’héroïne de son guitariste Danny Whitten, qui mourra d’ailleurs d’overdose en novembre de la même année, juste après s'être fait virer du groupe par Neil Young

Neil Young - Harvest Time (Official Film Clip)

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Mais derrière sa béatitude peace & love à laquelle ont participé David Crosby, Stephen Stills et Graham Nash tout comme James Taylor et Linda Ronstadt, Harvest reste une œuvre riche, tourmentée et mélodiquement parfaite. Un nouveau sans-faute sur lequel on trouve même les violons du London Symphony Orchestra (A Man Needs a Maid et There's a World), manipulés avec précaution et goût. Un album qui influencera de nombreuses générations et qui souffle ses 50 bougies avec une luxueuse édition enrichie de 17 titres. Essentiellement une grosse pépite vénérée par les collectionneurs de bootlegs de Neil Young : son concert du 23 février 1971, en solo, à la BBC. En prime, les prises alternatives de trois titres (Bad Fog of Loneliness, Journey Through the Past et Dance Dance Dance). Assez pour rendre indispensable cette 50th Anniversary Deluxe Edition.

Neil Young - Heart of Gold (Live) [Harvest 50th Anniversary Edition] (Official Music Video)

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Histoire de rendre cet anniversaire encore plus fou, Neil Young sort parallèlement un documentaire mo-nu-men-tal ! Mais un documentaire à ne mettre qu’entre les mains de ses véritables fans. Réalisé par le Canada lui-même sous son pseudo Bernard Shakey, Harvest Time – A film from 1971 propose plus de deux heures d’archives consacrées exclusivement à l’enregistrement de cet album. Des images tournées essentiellement dans trois lieux : la grange du ranch de Neil Young (Broken Arrow) en Californie, Londres pour les sessions avec le LSO (sans doute les scènes les plus fascinantes) et Nashville avec les Stray Gators. Le montage est assez succinct et les séquences sont assez longues, donc passionnantes. On assiste réellement à la naissance d’un chef d’œuvre, avec ses expérimentations, ses hauts, ses bas, ses interrogations, ses moments de grâce et ses passages insolites. Ce Neil Young d’une vingtaine d’années seulement a déjà l’assurance des génies et son aura impressionne tout au long de ce documentaire qui prend son temps. Désormais septuagénaire, le Canadien rappelle qu’Harvest ne fut pas un simple énième album dans sa discographie. « C'est un gros disque pour moi. Il y a 50 ans, j'avais 24 ans, peut-être 23, et cet album a fait une grande différence dans ma vie. J'ai joué avec des amis formidables et c'est vraiment cool qu’il ait duré si longtemps. J'ai passé un bon moment et aujourd’hui quand je l'écoute, je pense que j'ai vraiment eu de la chance d'être là. » Lorsqu’Harvest Time se termine, difficile de ne pas penser comme lui…

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