INDISPENSABLE

Si la créativité est affaire de singularité, nul doute qu’Henry Threadgill a depuis longtemps le pompon. Le compositeur (et génial flûtiste) tisse un univers aussi incernable qu’identifiable, un enchevêtrement de sons, qui place les six sens en éveil. Et Zooid, son collectif du nouveau millénaire (qui revient au sextette, après deux chefs-d’œuvre en quintette), porte au plus haut les stigmates de cet empêcheur de swinguer en rond, un visionnaire qui a toujours vu plus loin que le free jazz où certains on crut bon de l’engoncer : crissements de cordes et souffles dissonants, jaillissements mélodiques et combinaisons arythmiques, on ne sait ce qui tient de l’improvisation collective, ce qui repose sur une écriture à l’évidence réfléchie. Et on s’en fout !