« Aux croisements du rock, de la country et de la soul », le sous-titre situe les enjeux de cette double compilation.

Se méfier des a priori, comme quand on regarde ces bandes de jeunes blancs-becs (voire rednecks) aux grasses rouflaquettes, sortis à l’orée des seventies du fameux triangle Muscle Shoals, Memphis et Nashville. Une génération qui pour avoir grandi dans le Sud ségrégationniste, les pieds dans une country aux indéniables vertus mélodiques et la tête dans de doux délires hippies, n’en est pas moins biberonnée de soul et de gospel, de funk et de blues. Ce mélange détonnant, un pur produit de l’ambiguë Amérique, fait toute la qualité de cette sélection, à l’image des emblématiques Allman Brothers : « Ain’t Wastin’Time No More », un modèle de groove transpercé par la slide, en dit long de l’influence de La Nouvelle-Orléans. Cette ville habite aussi le chant de Cher, sur « I Walk On Guilded Spliters », et même le rock de Link Wray quand il clame « Be What You Want To ». Ce ne sont pas les seules figures connues ici : Lynyrd Skynyrd, Johnny Cash, Tony Joe White et puis surtout Bobbie Gentry… Certains avec des titres phares, d’autres dans des versions plus rares. Tout comme le sont d’autres noms de cette sélection. Joe South, guitariste de session qui signa la version originale de « Hush », dont Billy Joe Royal fera le succès ? Groove phénoménal ! Billy Vera, auteur de « I’m Leavin’Here Tomorrow Mama », majuscule ballade tout en soulitude qui clôt de façon magistrale ce recueil ?