Depuis 1942, la vie de Daniel Barenboim est un véritable roman dont le présent chapitre s’intitule West Eastern Divan Orchestra. A la tête de cette formation symbolique réunissant de jeunes musiciens juifs et arabes, le chef d’orchestre et pianiste livre ses idées politiques mais aussi musicales. Rencontre.

Les années ont beau défiler, le rythme de Daniel Barenboim n’est pas près de baisser… A l’aube de ses 70 ans qu’il fêtera le 15 novembre prochain, le chef d’orchestre et pianiste aux quatre passeports – argentin, israélien, espagnol et palestinien – n’a jamais été aussi actif, au disque comme à la scène. Au cœur de cette intense activité où l’on trouve tout de même la direction musicale du Staatsoper et de la Staatskapelle de Berlin mais aussi celle de la Scala de Milan, un projet semble l’habiter plus que tous les autres : le West Eastern Divan Orchestra qu’il a fondé en 1999 avec Edward Saïd, intellectuel palestino-américain disparu en 2003. A la tête de cette formation ô combien symbolique réunissant de jeunes musiciens juifs et arabes, originaires notamment d'Israël, de Syrie, du Liban, d’Égypte et de Jordanie, Barenboim parcourt le monde et enchaine les enregistrements dont une récente intégrale des symphonies de Beethoven chez Decca. Mais derrière le message de paix et de dialogue véhiculé par cette phalange atypique, le maestro s’applique à offrir un véritable projet musical. Pour celui qui donna son premier récital dans sa ville natale de Buenos Aires à seulement 7 ans, croisa la route des plus illustres musiciens du XXe siècle (Furtwängler, Rubinstein, Fischer, Markevitch, Klemperer, Boulez, Messiaen, Nadia Boulanger…) et visita un grand nombre de répertoires (Mozart, Brahms, Mendelssohn, Chopin, Tchaïkovski, Schubert, Bruckner, Schumann, Wagner, Mahler, Villa-Lobos, Bach, Albéniz, Debussy, Messiaen, Strauss, Liszt, Saint-Saëns, Fauré, Verdi, Bartók…), cette aventure est un moyen supplémentaire de vivre pleinement son oxygène à lui : la musique. Le 13 juillet, deux heures avant de monter sur scène pour diriger ce West Eastern Divan Orchestra dans la Neuvième de Beethoven dans le cadre lui aussi symbolique des jardins du Château de Versailles (la pluie diluvienne aura raison d’un concert finalement annulé), Daniel Barenboim revient sur ce que lui apporte son jeune ensemble mais aussi les origines de la verve, de l’envie et de l’énergie qui l’habitent toujours en 2012.

Daniel Barenboïm : interview vidéo Qobuz

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Propos recueillis par Marc Zisman