Le biopic franco-germano-hongrois d'Helma Sanders-Brahms consacré à la vie de Clara Wieck sort cette semaine sur les écrans, avec Martina Gedeck dans le rôle-titre, Pascal Greggory en Robert Schumann et Malik Zidi en Brahms...

La mode du Biopic, si caractéristique de notre décennie 2000, peut avoir ses bons côtés. En témoigne le récent film de Helma Sanders-Brahms consacré à la vie de Clara Wieck soutenu par un trio d’acteur remarquable : Martina Gedeck, interprète allemande réputée pour avoir joué Ulrike Meinhof dans La Bande à Baader, et deux acteurs issus de l’hexagone : Pascal Greggory et Malik Zidi.

Née en 1819 à Leipzig Clara Wieck (Martina Gedeck) fut l’une des principales figures musicales féminine du XIXe siècle. Sous le patronage de son père, Friedrich Wieck, elle s’impose comme une grande virtuose de son temps. Elle s’éprend de Robert Schumann (Pascal Greggory) à l’âge de seize ans mais, du fait de l’opposition de son père, elle ne l’épouse qu’en 1840. Le film commence dix ans plus tard, alors que le couple Schumann, installé à Düsseldorf, traverse une crise profonde. Tout d’abord du fait de l’arrivée d’un jeune musicien prussien, Johannes Brahms (Malik Zidi), qui tout en étant adulé par Robert Schumann, entame une liaison platonique avec Clara. L’histoire de cette curieuse sérénade à trois pourrait tourner au vaudeville Lubitschien si ne s’amorçait, parallèlement, une intrigue tragique : sombrant progressivement dans la folie Robert Schumann doit être interné en 1854, et meurt dans un asile deux ans plus tard. Il restera à Clara encore quarante ans à vivre, temps qu’elle consacrera à défendre les œuvres de son mari et celles de Brahms.

Une existence aussi riche et des situations aussi tragiques avaient de quoi séduire les cinéastes, comme le montre l’existence de deux biopics antérieurs : le premier, américain, de Clarence Brown avec Katharine Hepburn, Song of Love (1947), le second, allemand, de Peter Schamoni, Frühlingssinfonie avec Nastassja Kinski.

Bien loin de verser dans le mélodrame grandiloquent, Helma Sanders-Brahms aborde la vie de Clara Schumann avec une sensibilité toute classique. Elle a préféré, avec justesse, privilégier une époque, un fragment particulièrement révélateur de son existence, plutôt que de brosser une fresque biographique bancale qui ne pouvait que laisser insatisfait. Rigoureux, le traitement cinématographique n’a pourtant rien d’impersonnel. L’histoire tient visiblement à cœur à la réalisatrice, descendante directe de l’un des protagonistes, ce portrait de femme servant ainsi un propos féministe voire engagé, en particulier lorsque Clara s’efforce de s’imposer dans un orchestre interdit aux femmes.

Œuvre sensible et délicate, ce film aura tout pour séduire les mélomanes.