Le manager zébulon des Sex Pistols et des New York Dolls a été emporté par un cancer à 64 ans.

No future pour de bon pour Malcolm McLaren qui s’est éteint le 8 avril à New York, emporté par une forme rare de cancer appelée mésothéliome, qui affecte la plèvre. Né Malcolm Robert Andrew Edwards le 22 janvier 1946 à Londres, cet excentrique fut bien plus qu’un énième manager de groupe de rock aux dents longues et aiguisées. Certes businessman dans l’âme, McLaren s’inscrit dans la lignée de son idole Andy Warhol dont il reproduira bons nombres de schémas (sans avoir pour sa part marqué certes l’histoire de la peinture…).

Durant les années 70, avec sa compagne la créatrice de mode Vivienne Westwood, Malcolm McLaren, passionné de rock, de mode, de situationnisme et d’art, dirige SEX, cultissime magasin de fringues londonien. T-shirts lacérés arborant des slogans choc, pantalons patchwork customisés à l’aide d’épingles à nourrice, la panoplie du look punk prend racine dans cette petite boutique de King’s Road. Comme son idole Warhol qui « lança » le Velvet Underground, McLaren se veut touche à tout et devient le manager des New York Dolls en 1974. Ce groupe glam new-yorkais devient le maître-étalon du punk naissant. Dans le look androgyne et choc comme dans la musique exubérante et très électrique, les Dolls chamboulent les esprits de l’époque qui commencent à se lasser de la mollesse et des vrais-faux rêves du mouvement hippie et de sa musique…

Mais c’est évidemment avec les Sex Pistols, formés en 1975, que son nom entre dans l’Histoire ; du moins celle du rock’n’roll… La formation londonienne emmenée par John Lydon, alias Johnny Rotten, n'a enregistré qu'un album, le chef d’œuvre Never Mind The Bollock’s, et s'est séparé trois ans après sa formation, mais Anarchy In The U.K. ou God Save The Queen sont devenus les hymnes d'une génération fascinée par le nihilisme et les extravagances du quatuor.

« On m’a souvent accusé d’avoir ravalé la culture britannique au rang d’un simple phénomène de marketing, déclarait McLaren. Il faut comprendre que les Sex Pistols n’avaient pas l’intention de vendre quoi que ce soit. Ils voulaient juste proposer une idée. Dès qu’ils sont devenus un produit de consommation, ils ont été perdus à mes yeux. »

L’ex de Vivienne Westwood se servit des Pistols comme d’un phénomène, comme d’un produit… « Notre concept marketing, c’était de faire disparaître l’album, de le rendre invisible, aimait-il déclarer. Ma première idée de pochette, c’était un sac noir sans aucune inscription. Le patron du label m’a dit : « On ne peut pas distribuer ça chez les disquaires, personne ne le trouvera. » C’était exactement ce que je voulais. J’ai fait la preuve que l’anti marketing était la seule approche efficace pour ce groupe. Parce qu’il refusait toute compromission jusqu’au bout. »

Malcom McLaren signera par ailleurs une demi-douzaine de disques dont un duo, en 1994, intitulé Paris Paris avec une certaine Catherine Deneuve… Surtout, au début des années 80, c’est lui qui sort Duck Rock, album dont le tube Buffalo Gals permet à l'Angleterre de découvrir le hip-hop !

« Sans Malcolm McLaren il n'y aurait pas eu de mouvement punk britannique », a déclaré l’écrivain et journaliste Jon Savage, auteur de l’ouvrage de référence retraçant l'histoire du punk et des Sex Pistols, England's Dreaming. « Il est l'une des rares personnes à avoir eu un impact exceptionnel sur la vie sociale et culturelle de ce pays », a ajouté Savage.

Malcolm McLaren était « une personne très charismatique, spéciale et talentueuse. Penser qu'il est mort est quelque chose de très triste », a déclaré au Daily Mail son ex-compagne Vivienne Westwood avec qui, en 1967, il aura un fils, Joseph, co-fondateur de la marque de lingerie Agent Provocateur.

Au rayon réactions toujours, le créateur de mode Jean-Charles de Castelbajac, ami proche depuis le début des années 70 de Malcolm McLaren, considère l’artiste multiforme comme « un visionnaire génial ». Il a été « le fondateur de la mise en image de la musique ».

La plus attendue pour la fin, celle de Johnny Rotten que la nouvelle a attristé. « Pour moi, Malc a toujours été de l’entertainment pur ! Et j’espère qu’on se souviendra de lui pour ça. Car c’était un entertainer par-dessus tout ! Il va me manquer et à vous aussi je suis sûr ».

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