Militante des droits civiques dans les années 60, la grande chanteuse de jazz s’est éteinte à l’âge de 80 ans.

Abbey Lincoln est décédée le 14 août dans une maison de retraite de New York. Chanteuse de jazz à la voix si particulière mais aussi militante active des droits civiques, cette grande dame de la contestation était âgée de 80 ans.

Elle fut Anna Marie. Puis Gaby Lee. Gaby Wooldridge également. C’est pourtant sous le nom d’Anna Marie Wooldridge qu’elle naquit le 6 août 1930 à Chicago. En 1956, ce nom d’Abbey Lincoln sera le bon. C’est celui qui figure d’ailleurs sur son premier disque avec Benny Carter.

Abbey Lincoln grandit dans une ferme du Michigan, monte sur scène au lycée avant de partir en Californie où elle chante avec des orchestres divers dès 1951. Elle se produit durant deux ans dans des clubs d’Hawaï sous le pseudonyme de Gaby Lee, puis trois ans dans ceux d’Hollywood.

Mais son aura éclate dans la comédie musicale La Blonde et moi (The Girl Can’t Help It) de Frank Tashlin avec Jayne Mansfield, Tom Ewell, Edmond O'Brien et Julie London. Dans ce film de 1956 où elle interprète Spread The Word, elle revêt la fameuse robe portée par Marilyn Monroe dans Les Hommes préfère les blondes.

Le magazine Ebony la met en couverture d’un de ses numéros, espérant en faire une Marilyn noire. Dilemme, cette image publique ne satisfait guère cette éternelle révoltée. La légende veut que, des années plus tard, elle jettera au feu la fameuse robe…

En 1960, l’essentiel album militant We Insist ! – Freedom Now Suite, concocté avec Max Roach, Coleman Hawkins, Booker Little, Julian Priester, Michael Olatunji et Raymond Mantilla, la connecte définitivement au mouvement des droits civiques. En 1957 déjà, Roach l'accompagnait pour les disques qu'elle publie alors chez Riverside. Elle l’épousera en 1962, divorçant huit ans plus tard en 1970.

En 1972, un voyage en Afrique la chamboule, renforçant son ressenti pour l’Amérique, et son attachement militant pour le continent de ces ancêtres. Elle parlera même de résurrection musicale. Là-bas, avec la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba, elle visite la Guinée puis le Zaïre. De retour à New York, elle compose People In Me, déclarant continuer à écrire de la musique pour préserver sa santé mentale.

Durant les années 90, Abbey Lincoln revient sur le devant de la scène grâce au producteur français, Jean-Philippe Allard, et enregistre chez Universal de beaux albums. Le dernier en date, le poignant Abbey Sings Abbey, est paru en 2007.

En 1956, Abbey Lincoln chante Spread The Word dans le film La Blonde et moi :

Abbey Lincoln et Max Roach dans Freedom Suite en 1960:

Abbey Lincoln chante People In Me: