L'édito de la newsletter du 10 novembre 2013.

Quelques notes suffisent pour identifier l?art et la manière de ce poète franco-libanais de la trompette contemporaine : Ibrahim Maalouf. Il porte la marque des grands. Combien de musiciens sont-ils repérables dès les premières mesures aujourd?hui ? D?emblée, une émotion, un univers, un style, une affirmation, un élan?

L?histoire est truffée de fortes personnalités qui, chacune, ont révolutionné la musique de leurs prédécesseurs. Miles Davis s?est ainsi démarqué de Dizzy Gillespie qui avait fait évoluer le style de Roy Eldridge qui tranchait avec celui de Louis Armstrong? Comme tous les géants de l?improvisation ont pu le faire en leur temps, Ibrahim Maalouf sort du lot des trompettistes de sa génération. Son apport est jazz (en partie), world (sûrement), classique, (on ne renie pas ses origines, il vient du conservatoire où la marque d?un Maurice André est évidente) mais au delà de ces trois styles fondateurs, Ibrahim Maalouf cherche du côté de ses origines libanaises, développant une approche résolument orientale de l?instrument. Pour cela, il a repris le modèle de trompette à quatre pistons mis au point par son père pour jouer les quarts de tons.

Aujourd?hui, après sa fascinante trilogie (Diaspora, Diachronism, Diagnostic) puis son détour plus résolument jazz, citant directement l?un de ses héros, Miles Davis, dans Wind, le voici avec un cinquième album : Illusions. Le trompettiste s?y affirme comme compositeur-arrangeur-chef d?orchestre, s?appuyant sur une orchestration originale constituée de quatre trompettistes et d?une solide rythmique électrique, imposant un son rock.

Ibrahim Maalouf ne cesse de nous enchanter, c?est l?un des solistes incontournables du moment et ses Illusions se concrétisent ici de belles manières, mélangeant comme personne musique arabe, jazz et rock.

Illusions par Ibrahim Maalouf