Le 8e album d'un bluesman... qui cache bien son jeu ?

La vie de Seasick Steve est une telle somme de clichés qu'on se demande si le bestiau existe vraiment… Plus de sept décennies au compteur, une barbe usée de nain de jardin, une salopette échappée du film Délivrance, une guitare faite en cours de travaux manuels en CM2, la rue comme toit à même pas 14 ans, sans oublier le séjour en prison de rigueur… Et puis quelques faits d'arme tout de même : Steven Gene Wold – son véritable état civil – aurait mangé les tables de la loi du Delta grâce à un inconnu ayant connu – on reste assis, merci – Tommy Johnson en personne ! Mieux, Steve Mal-de-Mer aurait croisé le fer avec Lightnin' Hopkins, Freddie King et R.L. Burnside ! Toujours plus loin, toujours plus fort, son modeste studio monté à Seattle aurait accueilli… Kurt Cobain ! Stop ! On arrête tout ! La biographie Seasick Steve: Ramblin’ Man signée Matthew Wright et édité par Music Press Books fait vaciller la légende en révélant de nombreuses pièces manquantes du puzzle. Déjà, Steve Leach (sa véritable identité) ne serait déjà pas né en 1941 mais dix ans plus tôt. La première grosse information de ce livre intervient en 1971 lorsqu’on apprend que notre homme aurait été le bassiste de Shanti, obscur groupe rock obsédé par la méditation transcendantale. A la même époque, Steve aurait intégré un groupe de disco pop baptisé Crystal Grass ! On apprend dans ce même ouvrage qu’à la fin des années 70 Seasick Steve devint choriste au sein de Celebration, un groupe emmené par Mike Love des Beach Boys. En 1982, il aurait joué dans Clean Athletic & Talented, notamment sur leur single joliment titré I Love To Touch Young Girls…. A la fin des années 80, on le retrouve cette fois dans l’état de Washington comme producteur de nombreux groupes parmi lesquels Modest Mouse ! L’étape suivante se situe en Norvège, là où la graine de sa résurrection en Seasick Steve aurait pris racine… L’avenir fera peut-être le tri dans cette avalanche de rebondissements. En attendant, il y a quelques jours, Seasisck Steve a livré Keepin’ The Horse Between Me And The Ground, nouveau traité de blues en tôle ondulée rouillée et en bois termité… Ce qui est rassurant c’est que notre papy hobo (ou pas) n’a pas décidé de passer au grime ou au dubstep avec ce huitième album. On croit donc à toutes ces histoires à dormir debout qu’il raconte ici. Chaque corde violentée dégage sa dose de vécu sans trop en user. Attachant aussi car son brin de voix tend davantage vers l'ironie country que l'obscurité blues. On est loin de Chicago ; plutôt dans le marécage d'une âme unique, celle d'un sorcier échappé de sa décharge publique et qui confectionne des totems d'humanité avec des bouts de chiffons et des reliques de détritus… Et un rayon de soleil très touchant avec une reprise du tube popularisé par Glenn Campbell, Gentle On My Mind.

Gentle On My Mind

Seasick Steve

Seasick Steve Announcement...

Seasick Steve

Seasick Steve, en Live - C à vous - 04/10/2016

C à vous

Les cheveux longs, la basse au poing, Steve était alors membre du groupe Shanti :

`Shanti`, an Indo-American Group (1969-70)

Maihar Seniya Gharana Gurukul

Steve avec Crystal Grass avec un single mi-disco, mi-Elton John, au titre prémonitoire I Sure Like The Change :

Crystal Grass - i sure like the change 1976

graudio aguirre

Pour suivre tout ce qui se passe sur Qobuz, rejoignez-nous sur Facebook !