Les Stranglers en deuil

« La différence entre les Stranglers et tous les autres groupes punks, c’était lui ! » Sur sa page Facebook, Hugh Cornwell, chanteur dandy de la formation anglaise entre 1974 et 1990, rend hommage à son vieux complice Dave Greenfield, mort du Covid-19 le 3 mai 2020 à 71 ans, et résume à la perfection la singularité et l’originalité du cas Stranglers.

Ces synthés, pianos, orgues, clavecins et autres claviers pilotés avec génie par Greenfield sont véritablement la colonne vertébrale du son du quartet né à Guildford dans le Surrey en 1974 et qui comprend alors aussi le batteur Jet Black et le bassiste karatéka franco-britannique Jean-Jacques Burnel. Capable du post punk le plus virulent comme de la ballade la plus baroque, les Stranglers choquaient dans leurs sons comme dans leurs mots. Des teigneux sans langue de bois, misogynes et bagarreurs très doués musicalement et qui ne fréquentaient ni les Sex Pistols, les Clash, les Damned ou les Buzzcocks.

Journalistes séquestrés dans des placards, stripteaseuses dans des cages sur scène, bagarres générales (mythique concert à Nice en 1980 à l’issu duquel ils sont arrêtés puis emprisonnés) ou ciblées (Burnel explosant sa basse sur la tête de Fuck, figure punk parisienne au premier rang d’un concert à la Mutualité en 1983), les Stranglers ont à peu près tout osé…

En 1982, le tubesque Golden Brown qui glorifie l’héroïne sur un air de valse (Greenfield est là encore central) leur offre une gloire internationale décalée et inattendue, bien loin de l’hymne teigneux anti groupies London Lady de 1977.

Après le départ de Cornwell en 1990, les autres relancent la machine épisodiquement avec un line-up fluctuant… Reste que la période 1977 – 1990 fut la plus créative pour ces Stranglers qui n’auraient jamais sonné de la sorte sans Dave Greenfield…

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