Turina: Piano Music, Vol. 13

Chronique

Voici donc le treizième et dernier volume de l’imposante intégrale des œuvres pour piano de Joaquín Turina (1882-1949), sous les doigts ô combien experts du pianiste catalan Jordi Masó – à qui on doit déjà des intégrales du piano de Mompou et de Séverac, ainsi que de nombreux enregistrements d’œuvres de Donostia, Montsalvatge, Soler ou encore Castelnuovo-Tedesco. Comme son compatriote, ami et plus ou moins contemporain de Falla, Turina acceptera l’influence française de Debussy, Dukas et Ravel qu’il côtoiera lors de son long séjour parisien de 1905 à 1914 ; mais sans doute, à la différence de Falla, restera-t-il plus dans la lignée des grands prédécesseurs ibériques que furent Granados de Albéniz, sans s’éloigner dans des langages plus modernistes et moins directement hispanisants. On entendra ici son imposante sonate Sanlúcar de Barrameda de 1921, un monument de difficultés techniques qui firent dire à son compositeur que chaque matin, il le saluait d’un « bonjour, ma chère fille, c’est quelqu’un d’autre qui te jouera ». Ouf… On y découvrira également Ofrenda de 1934, un ouvrage réellement destiné à sa fille, ou plutôt – hélas – à la mémoire de sa fille disparue deux ans plus tôt. L’immense nostalgie qui s’en dégage pourrait, d’une certaine manière, reprendre les accents graves, voire tragiques, de certains chants populaires espagnols. L’album s’achève avec l’inachevé Los siete dolores de la Virgen Marí, deux estampes d’une intense beauté. © SM/Qobuz