Paris 1919

Chronique

Le disque ovni d’un artiste extra-terrestre. En mars 1973 lorsque parait Paris 1919, John Cale a déjà 30 ans et une copieuse carrière comme co-fondateur du Velvet Underground, producteur et sideman de pointures diverses (les Stooges d’Iggy Pop, Nick Drake, Nico, Earth Opera, Glass Harp…) et de nombreux faits d’arme avec les maîtres de l’avant-garde (Terry Riley, La Monte Young et Tony Conrad). C’est pourtant un disque on ne peut plus accessible que le Galois signe ici. A des années-lumière de ses travaux passés. D’une pureté mélodique assez fascinante pour ne pas dire troublante, l’élégant Paris 1919 regarde dans le rétroviseur, en direction de cette pop baroque sixties arrangée et soignée. Celle de Procol Harum, des Beach Boys et des premiers Bee Gees. Autre élément totalement inattendu sur un disque de Cale, la participation du guitariste Lowell George et du batteur Richie Hayward du groupe Little Feat et du bassiste et saxophoniste Wilton Felder des Crusaders ! Cerise sur le gâteau, les violons du UCLA Symphony Orchestra qui viennent rendre l’ensemble encore plus démesuré mais, surtout, en décalage avec son temps. Cet iconoclaste casting accouche donc d’un album grandiose. Au sens propre du terme même. Un disque labyrinthe dans lequel John Cale tente de rattraper son enfance et une certaine époque révolue. C’est un château hanté d’une rare beauté qu’on traverse ici. L’ancien complice de Lou Reed ne réitérera jamais une œuvre aussi léchée même si la suite de sa discographie offrira d’autres sommets, certes un brin plus chaotiques… © MZ/Qobuz