Open Heart

Chronique

En optant pour le saxophone baryton, Céline Bonacina n'a pas choisi la facilité. Mais primo, la musicienne couverte à juste titre d'éloges pour ses deux précédents opus Vue d'En Haut (2005) et Way of Life (2010), n'est pas femme à emprunter les chemins balisés et secundo, la tonalité grave de l'instrument lui permet de jouer avec les contrastes et de nuancer sa profondeur avec le timbre cristallin du vibraphone ou du glockenspiel tenu par Pascal Schumacher, ou les vocalises célestes de Himiko Paganotti.

La basse électrique de Kevin Reveyrand (auteur de deux compositions), la batterie de son fidèle partenaire Hary Ratsimbazafy et les percussions de l'invité de marque Mino Cinelu complètent le tableau d'un album placé sous le signe de l'inventivité et du bonheur de se retrouver en trio ou en quintette voire sextette autour de compositions fort bien troussées et d'une grande liberté.

Là où Way of Life plongeait dans un bain funky des plus réjouissant, d'où vibraient « Zig-Zag Blues » et « Wake Up », ce troisième effort part à l'aventure du côté d'un jazz à multiples reflets, tour à tour tribal (« Wild World »), cool (« Watch Your Step »), cérébral (« Out of Everywhere ») et touchant au sublime dans les numéros de lévitation vocales de « Circle Dance » et « Open Heart », telles des incantations divines. En douzième piste bonus, « Lonely Dancer » offre une prise live en compagnie du pianiste Michael Wollny (auteur du morceau) et du contrebassiste Lars Danielsson.

Moins immédiat que son prédécesseur, Open Heart n'en laisse pas pour autant le plaisir de côté et de quoi offrir des moments jubilatoires à ceux qui suivent le parcours de l'une des plus belles révélations du jazz hexagonal. Par cette nouvelle livraison éclectique, Céline Bonacina invite à la suivre de près. Comme en concert où, pour l'occasion, elle sera entourée, outre Hary Ratsimbazafy, de la chanteuse Leïla Martial et de Stéphane Edouard (percussions), Ilya Amar (vibraphone) et Romain Labaye (basse électrique).

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