Mata (Akalé Wubé)

Chronique

Funk, reggae, jazz, tango, tout cela se retrouve dans le vocabulaire et l’esthétique des productions éthiopiennes des années 1960/70. L’éthio-jazz est déjà une musique métissée si bien qu'en s'attaquant à ce répertoire, on peut l’emmener dans toutes les directions. C’est ainsi qu'Akalé Wubé nous invite à un voyage sonore inédit, guidé par le bon sens du groove dans Mata, le second album du quintet parisien.

Le répertoire du groupe puise dans les grands noms de l’époque comme Mulatu Astatké, Alemayehu Eshete ou Mahmoud Ahmed et propose une alchimie subtile entre reprises et arrangements contemporains, standards revisités et raretés auxquels s'ajoutent cinq compositions personnelles sur les onze morceaux de l’album.

L’ouverture avec « Maryé » et sa flûte traversière omniprésente propose une variation très planante du Swingin’ Addis. Beaucoup plus hypnotique, « Bazay », adapté d'un thème de Tsèhaytu Bèraki, offre un regard neuf sur le répertoire. « Dodo » est une vraie réussite dans sa relecture afrobeat (!) et funk, tout comme « Kasalèfkut Hulu », là où « Mata » et « Jour de pluie » jouent la carte d’une soul cool au groove magistral. « Almaz Yèharèrwa » de Getatchèw Mèkurya et le très réussi « Asmarina » s’offrent ici une cure de jouvence jazz.

Akalé Wubé nous transporte avec Mata sur le continent africain de la plus belle des façons, respectant la tradition avec une relecture sincère de ce style musical si mésestimé. Une vraie réussite à découvrir si possible sur scène.

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