Le Cinema (Mono Version)

Chronique

Edité au mois d’avril 1962, cet album (on dira : celui de la consécration pour le petit taureau toulousain) n’est pas un poisson, mais célèbre une rencontre déterminante entre deux artistes ou l’éruption spontanée d’un chanteur nourri d’un jazz de rêve (Claude Nougaro ou comment faire swinguer en français) et d’un compositeur mû, lui aussi, d’un rêve de jazz (Michel Legrand ou comment nourrir cette musique étrangère des délicatesses harmoniques, et terriblement européennes, de Debussy ou Ravel).

Ce disque est donc une pure merveille, vaillant petit saumon nageant à contre-courant de la bêtise ambiante, à grandes lampées de déchirements (« Une petite fille ») et de rêves insensés (« Le Jazz et la java »). Pour ce qui nous occupe ici, on retiendra avec profit la capacité hallucinante de Michel Legrand à se glisser avec profit dans l’imaginaire d’un autre.

On goûtera également le développement d’un fantasme de l’amour à la française (55 kilos de chair rose / Et 55 grammes de nylon in « Les Dom Juan ») et le petit air misérable mais digne de « Le Cinéma », réunissant enfin le jazz d’outre Atlantique, la musique savante de la vieille Europe, le frisson de la Nouvelle Vague et l’immédiateté de la chanson populaire. Comme on le dit souvent, et que l’on l’affirme derechef avec délectation : un album indispensable.



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