Journey in Satchidananda

Chronique

Six mois après la mort de son illustre mari à seulement 40 ans, Alice Coltrane lance officiellement sa carrière solo avec l'album A Monastic Trio qui laissait déjà entrevoir sa passion pour les ponts tendus entre Orient et Occident. Une approche qui atteint de vrais sommets sur Journey to Satchidananda enregistré par la veuve de John Coltrane le 8 novembre 1970 avec des épées du jazz libertaires d'alors (pour la plupart ex-sidemen du saxophoniste) comme Pharoah Sanders, Rashied Ali, Cecil McBee et Charlie Haden. En trois ans, le pays d’Alice est désormais tout autre. A des années lumières de le folie free qu’orchestrait John à la fin de sa vie, elle peint, à la harpe ou au piano, d’amples paysages sonores faits de délicieux bourdonnements. Des incantations qui invitent à la méditations, ponctuées par les solos de ses complices inspirés. L’envoutement est total sur le corps à corps entre Alice Coltrane et Pharoah Sanders. Une connivence magnifiée par une rythmique pleine de nuances. A l’époque, le terme de world music n’existait évidemment pas. Pourtant c’est bien une musique du monde qu’invente ici la grande harpiste et pianiste au sommet de son art spirituel sur ce Journey to Satchidananda. © Marc Zisman/Qobuz