Heavy Music: The Complete Cameo Recordings 1966-1967

Chronique

Oui Bob Seger a bel et bien eu une carrière avant son premier album Rambling Gambling Man paru en 1969. Des groupes qui précèdent le Bob Seger System, il y en a à la pelle pour ce kid de Detroit. Entre les Decibels, Town Criers et Doug Brown & The Omens, les ponts de band en band ne cessent vraiment jamais. Le jeune homme se cherche, et il n’est pas évident pour un groupe de rock garage de sortir la tête de l’eau quand on n’a pas pied dans Motown. 
Heavy Music: The Complete Cameo Recordings 1966-1967 est de ce fait une sortie relativement atypique car elle permet de jeter une oreille sur les débuts de l’Américain mais surtout parce qu’elle est une des rares traces disponibles. Depuis longtemps, Seger s’opposait à voir renaître cette période de sa vie. Sûrement lui semblait-elle lointaine et inutile… Pour ses fans, c’est un petit trésor qui voit le jour. C’est sous le nom de Bob Seger And The Last Heard que le groupe se produit de 1966 à 1968 avant de changer pour The Bob Seger System. Dans la bande, Carl Lagassa (guitare), Dan Honaker (basse), Pep Perrine (batterie) et Doug Brown (chant) explorent un rock éclectique et légèrement agressif. Sur les dix titres, on peut alors pressentir la fibre rock qui mûrit chez Seger et fera sa renommée. Mais en attendant, Detroit est le royaume des Kings et des Queens de la soul : Four Tops, Temptations, Diana Ross et ses Supremes et bien d’autres… 
A l’inverse, sur la scène underground commence à apparaître des groupes de rock garage comme les Stooges ou le MC5, positionnant Seger dans une sorte de flou entre ces deux régences. Difficile de percer, mais niveau influences, rien ne manque. The Complete Cameo Recordings 1966-1967 témoigne de ces mélanges de genres tout à fait surprenants chez le groupe garage. Dès l’ouverture, il y a presque un côté britannique à la Yardbirds sur les titres Heavy Music et East Side Story, avant d’enrober la suite dans une bonne dose de soul. Northern sur le dansant Chain Smokin' puis délicieusement southern pour un slow de fin de soirée avec Very Few. The Last Heard ont même rendu visite au son de la côte ouest façon Beach Boys, mais dédié aux plages de Florida Time. Voilà une compilation/brouillon joliment construit, avec quelques ratures et deux traits d’humour, mais dont la recherche d’un rhythm’n’blues électrique est évidente. Un East Side Sound quasi indémodable ! © Clara Bismuth/Qobuz