Flagrant délice

Chronique

Cela faisait quand même un bout de temps qu'Yves Duteil n'avait donné de ses nouvelles à travers un nouveau bouquet de chansons. Son précédent disque (Fr)Agiles, au titre tiré par les cheveux, remonte déjà à 2008. Occupé par ses fonctions d'élu du Précy-sur-Marne, petite commune de Seine-et-Marne qui fut jadis le hâvre de paix de Barbara, le chanteur-maire revient en même temps qu'un ouvrage revisitant sa carrière, Profondeur de chant, élaboré avec l'auteur Alain Wodrascka.

Même si le portable, « petit carré de lumière », fait son entrée au dictionnaire Duteil dans « Je t'mms », l'auteur-compositeur et interprète reste pareil à lui-même et n'a pas changé de style, pas plus qu'il n'a adopté de sonorités electro. Souvent seul avec sa guitare acoustique, un piano ou parfois entouré d'une nuée de cordes comme c'est le cas sur « Naître », l'auteur de « Prendre un enfant » soigne ses mélodies et l'écriture qui ont fait sa réputation d'artisan lettré de la chanson. Sur le morceau-titre à calembour, un trombone lui donne cette couleur jazzy tandis que le suivant « Et si la clé était ailleurs ? » évoque de manière plus explicite le concept global d'un album dédié au maître du temps ou Tout-Puissant qui gouverne le cours des événements.

Le beau cliché de la pochette qui voit l'éternellement jeune chanteur surplombant une architecture de fer est aussi suggestif que le sont les chansons entre amour (« Mon tout et mon contraire »), hommage au père (« Secrets de famille » façon country), pensées et souvenirs (le sautillant « Le Temps passe »). Flagrant Délice ne surprendra personne mais reste de la belle ouvrage à l'ancienne comme sait le faire Yves Duteil.

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