Eghass Malan

Chronique

Depuis les années 70, la musique touarègue se caractérise par l’emploi de guitares polyrythmiques et de chants poétiques, basée sur la forme pastorale du tendé, qui tient son nom d’un tambour d’eau. Avec Tinariwen, Bombino ou Tamikrest, cette musique au puissant pouvoir hypnotique a fait le tour du monde, saisissant ses auditeurs en les menant vers une transe imparable. Il y a quelques années, aux confins de la brousse nigérienne, aux portes du désert, dans le petit village d’Illighadad, une jeune femme, Fatou Seidi Ghali, s’est emparée de la guitare électrique de son frère ainé et a, peu à peu, développé une musique inédite et sans concession. Son répertoire de chants anciens populaires et de compositions poétiques, qui décrivent le sentiment amoureux, le quotidien ou la beauté du désert, est porté par un trio féminin. Il tisse ses sortilèges à coup de riffs efficaces et subtils qui se mettent en place autour des battements enveloppants du tambour tendé, ainsi magnifiquement réhabilité. Méticuleusement et respectueusement produit par le Français Mathieu Petolla (King Ayisoba,Mdou Moctar) et par le bourlingueur américain Christopher Kirkley, fondateur du label Sahel Sounds, Eghass Malan est un choc musical comparable à la découverte d’Ali Farka Touré ou de Tinariwen. © BM/Qobuz