Bruckner No. 7 (Live)

Chronique

Le grand chef d’orchestre néerlandais Bernard Haitink n’a cessé de remettre sur le métier ses interprétations, souvent bouleversantes, des symphonies d’Anton Bruckner dont il est devenu peu à peu un des interprètes les plus inspirés. Fragilisé par le grand âge, Haitink avait publiquement déclaré qu’il cesserait de diriger, la veille de ce concert enregistré au Royal Concertgebouw d’Amsterdam, le 15 juin 2019, à l’âge de 90 ans. Ce concert bouclait en quelque sorte la boucle de la trajectoire de cet enfant du pays dont toute la longue carrière s’est déroulée aux Pays-Bas, d’abord à la tête de l’Orchestre philharmonique de la Radio qu’il retrouve ici en tant que « patron » honorifique, puis du fameux Concertgebouw d’Amsterdam qu’il dirigea pendant 27 années et avec lequel il a réalisé un nombre considérable d’enregistrements pour Philips.

Bien évidemment, on pourrait à coup sûr parler de « testament musical » à propos de cette ultime version de la Symphonie n° 7 d’Anton Bruckner, mais elle représente surtout le splendide aboutissement de toute une vie de musique dans laquelle la musique de Bruckner, comme celle de Mahler, a pris une place prépondérante. Il est très émouvant d’entendre comment Haitink semble vouloir suspendre le temps, comme pour retarder l’inéluctable échéance. Ce faisant, il tutoie les étoiles en donnant à son cher Bruckner une dimension métaphysique dépassant encore les visions mystiques du compositeur viennois.

Les musiciens néerlandais du Netherlands Radio Philharmonic Orchestra suivent leur chef avec un fantastique esprit d’équipe, semblant creuser le ciel dans une cohérence parfaite et un sens des nuances d’une subtilité confondante. Rarement la musique de Bruckner avait atteint un tel climat, comme si les questions posées par notre humanité anxieuse se résolvaient enfin dans la sérénité. © François Hudry/Qobuz