Blue Moods

Chronique

« J'ai gravé un disque avec Charlie Mingus pour Debut, son label. On disait désormais de lui qu'il était l'un des meilleurs contrebassistes vivants, et c'était un grand compositeur. Mais quelque chose n'a pas tourné rond pendant la séance, il n'y a pas eu de déclic, pas de flamme dans notre jeu. Je ne sais d'où ça venait – peut être des arrangements – mais ça ne tournait vraiment pas. Mingus avait pris Elvin Jones à la batterie, et on sait à quel point cet enfoiré peut vous enflammer n'importe qui. » Amusant de lire ces propos très critiques de Miles Davis évoquant le très beau Blue Moods enregistré le 9 juillet 1955. Ce sublimissime traité du style cool, très éloigné du hard bop, ravive des standards du calibre de Nature Boy, présente des pointures qu’on n’a guère l’habitude d’entendre dans ce genre de jazz (Elvin à la batterie et Mingus à la basse notamment) et offre un instant mélancolique et paisible de haute volée, sorte de méditation instrumentale que le vibraphone de Teddy Charles et bien évidemment la trompette de Miles rendent encore plus aérienne. © MD/Qobuz