Tsegue-maryam Guebrou

Religieuse orthodoxe éthiopienne, compositrice et pianiste, Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou a peu enregistré mais n'en a pas moins exercé une influence par ses pièces instrumentales entre jazz, blues et classique. Née Yewubdar Gebru à Addis-Abeba le 12 décembre 1923, elle découvre la musique occidentale en Suisse, où l'ont envoyé ses parents pour étudier le violon. De retour en Éthiopie en 1933, elle prône le féminisme et, après la guerre contre l'Italie où elle a été détenue avec sa famille en 1936, rencontre le violoniste polonais Alexander Kontorowicz dont elle devient la secrétaire. À défaut de pouvoir prolonger ses études à l'Académie royale de musique de Londres, par le refus de l'empereur Haïlé Sélassié Ier, la musicienne entre au monastère pour devenir nonne, jusqu'à la maladie qui l'oblige à retourner chez ses parents. Elle compose alors ses propres morceaux au piano, dans un style personnel hérité de la tradition éthiopienne, du jazz et de la musique classique occidentale. Un premier disque enregistré en 1963 paraît trois ans plus tard sous le titre Tsege Mariam Gebru Spielt Eigene Kompositionen, avant d'être réédité à plusieurs reprises quand l'artiste sera reconnue par le biais de la compilation Éthiopiques, Vol. 21 (2005), issue de la série créée par le producteur français Francis Falceto. Entre temps, Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou a migré au monastère éthiopien de Jerusalem (Israël), afin de fuir le régime de son pays et a lancé une fondation à son nom pour venir en aide aux enfants pauvres. Elle y a enregistré les albums confidentiels The Hymn of Jerusalem - The Jordan River Song (1970) et Yet My King Is for Old (1972), puis The Visionary - Piano Solo (2012) et Emahoy Tsegué-Maryam Guèbrou (2016), lorsque sa musique est découverte. Elle fait l'objet du documentaire The Honky Tonk Nun de Kate Molleson (2017) et se produit l'année suivante à Washington. Deux semaines après son décès, survenu le 27 mars 2023 à l'âge de 99 ans, le label Mississippi Records publie l'album Jerusalem.