Miguel Ángel Estrella

Pianiste classique argentin formé en Europe, Miguel Ángel Estrella est aussi connu pour son engagement face à la dictature militaire, durant laquelle il fut emprisonné avant de trouver l'exil en France et d'être nommé Ambassadeur de bonne volonté de l'UNESCO. Né à San Miguel de Tucumán le 4 juillet 1940 et issu d'un milieu modeste aux origines libanaises et amérindiennes, il apprend le piano à l'âge de douze ans et entre au conservatoire de Buenos Aires à dix-huit ans. Il fait alors œuvre de pédagogie dans les quartiers pauvres lorsqu'en 1964 il obtient une bourse pour étudier le piano à Londres puis à Paris. Formé par Nadia Boulanger, Marguerite Long et Yvonne Loriod, il retourne dans son pays natal avec un solide bagage de musicien et n'en continue pas moins de militer au sein de l'organisation clandestine Montoneros, contre le pouvoir militaire en place. Arrêté en 1977 après avoir fui l'Argentine, il est détenu pendant quatre ans à Montevideo (Uruguay), où il subit des tortures à ses mains, mais continue de s'exercer en prison sur un clavier muet. Le pianiste fait alors l'objet d'un soutien international de la part de ses pairs musiciens, dont son ancienne professeure Nadia Boulanger mais aussi le violoniste Yehudi Menuhin et le compositeur Henri Dutilleux. En 1979, le label français Erato publie l'album Miguel Ángel Estrella ou la Musique en Prison, constitué d'enregistrements datant de 1971. Libéré en 1980, Miguel Ángel Estrella trouve l'asile politique en France où il donne des concerts et fonde en 1982 l'association Musique Espérance (organisation non gouvernementale reconnue par l'UNESCO en 1992), dont l'objectif est de défendre les droits des musiciens. En 1981, Michel Berger s'inspire de son histoire pour le classique « Diego libre dans sa tête », tandis que Daniel Balavoine lui dédie sa chanson « Frappe avec ta tête » (1983). Le pianiste naturalisé français et nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1985 enregistre les albums Haendel - Brahms (1982), et Beethoven: Concerto pour piano n° 3 dirigé par Jean-Claude Casadesus (1984) et Mozart - Liszt (1991). De 2003 à 2015, Miguel Ángel Estrella occupe la fonction d'Ambassadeur de bonne volonté auprès de l'UNESCO. Membre du jury du Tribunal Russell sur la Palestine (2009), il reçoit en 2013 une distinction au Sénat argentin et en 2014 le Prix Danielle-Mitterrand de la Fondation France Libertés. Nommé directeur de la Maison de l'Argentine à la Cité international universitaire de Paris en 2020, il décède le 7 avril 2022 à l'âge de 81 ans.