Une sorcière comme les autres

Chronique

Profond, presque mystique, le chant de Jorane s’est nourri de tous les projets expérimentaux qui ont jalonné le parcours de cet artiste. Ce chant, et c’est sa force, s’est affranchi des contraintes formelles pour prendre toute sa place dans des projets « instrumentaux ». Un oxymore qui sied bien à la demoiselle qui a fêté en 2008, dix ans d’une carrière protéiforme et productive.



Aussi, après avoir fait de sa voix un instrument et défié les mots, la québécoise prend un nouveau virage en leur accordant le premier rôle dans ce nouveau projet. Elle opte pour les mots des autres puisqu’il s’agit d’un album de reprises.



Un exercice qui n’a rien d’innovant mais auquel l’artiste donne sa touche personnelle grâce à des choix originaux. Quelle surprise d’observer Jorane se fondre dans les univers plus légers d’Indochine (le dispensable « Le Baiser »), ou de Vanessa Paradis (« Marilyn & John ») ! Choix qu’elle défend seule au violoncelle, ou autres cordes (guitare, harpe, ukulélé).



Le titre éponyme est une chanson d’Anne Sylvestre, qui surprend par sa gravité, tout comme « Les Gens qui doutent ». La violoncelliste poursuit ce bel hommage aux artistes canadiens et prouve son goût pour les grands auteurs de son pays en reprenant Gilles Vigneault et Leonard Cohen. Elle touche aussi à la poésie délicate de Patrick Watson à qui elle emprunte l’un des rares textes en français, « Je te laisserai des mots ».



Une Sorcière Comme Les Autres est le disque le plus consensuel de Jorane. Il vaut cependant le détour car il est empreint de beauté et d’humilité, à l’image de cette artiste envoûtante.





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