Transmissions: The Music Of Beverly Glenn-Copeland

Chronique

La résurrection de Beverly Glenn​-​Copeland, cinquante ans après ses débuts, fait partie des contes de fées qui pimentent l’histoire de la musique moderne, laquelle déterre de temps à autre des trésors cachés du passé. Le chanteur transgenre américain, qui a grandi à Philadelphie avec un père pianiste et une mère fan de gospel, avant d’étudier le lied à Montréal puis l’opéra à New York (!), était destiné à percer. Et pourtant. L’aventure a commencé par deux albums de folk au début des 70’s, mais malgré un manager proche de Dylan et qui avait signé les Doors, sa carrière prend peu à peu un tour plus confidentiel. Dans la décennie suivante, il ne sortira que des compositions expérimentales électroniques sur cassettes, dont Keyboard Fantasies, composé avec un Atari et une boîte à rythme en 1986.

Un disque qui allait devenir culte, notamment au Japon, où les 500 exemplaires de l’album se transforment en collector recherché. Après avoir excité les deux pontes de la scène électronique que sont Four Tet et Caribou, Glenn-Copeland est arrivé dans les petits papiers des programmateurs de festivals, avec à la clé un documentaire sur sa vie en 2019, Keyboard Fantasies : The Beverly Glenn-Copeland Story. Et à l’écoute de ce Transmissions, qui prend la forme d’une anthologie, on comprend immédiatement que Glenn-Copeland est un être touché par la grâce. Sa performance sur La Vita est tout simplement ensorcelante, le genre de chanson qui vous empêche de faire quoi que ce soit d’autre. Et si le destin l’a fait patienter, Glenn-Copeland, 76 ans, n’a jamais douté. “Quand j’étais jeune”, expliquait-il au New York Times, “je ne voulais pas devenir célèbre, mais je voulais partager ma musique avec le monde. Quand j’ai atteint la trentaine, cet objectif a disparu. Je savais juste que j’étais censé faire de la musique, la seule chose que je savais faire. Et quand j’ai vu les choses s’accélérer pour moi, je me suis que tout était question de timing.” © Smaël Bouaici/Qobuz