The RIAS Amadeus Quartet Recordings (IV) - Berlin 1950/56

Chronique

Modernisme, modernisme… Britten, Tippett, Bartók, Seiber ? Mais oui-da, mesdames est messieurs, si l’on considère que ces enregistrements du Quatuor Amadeus ont été réalisés à Berlin entre 1950 et 1956, du vivant donc (ou presque dans le cas de Bartók) des compositeurs. Le deuxième quatuor de Britten, écrit en 1945, est considéré comme un Hommage à Purcell, disparu exactement un quart de millénaire plus tôt. Hormis cette coïncidence de dates, toutefois, l’on cherchera en vain d’observables allusions au grand baroque anglais – l’usage de la forme ancienne de la chaconne par Britten ? Possible. Le deuxième quatuor de Michael Tippett, lui, fut achevé en 1942 ; son intense lyrisme semble moins « moderne » que celui de Britten, très expérimental. En guise de clin d’œil historique, la première partie de ce double album s’achève avec trois pièces de Purcell dont, justement, une chaconne, forme que Britten utilisa souvent dans ses conceptions.
La seconde partie comporte, en pièces de résistance, les Quatuors n° 3, 4 et 6 de Bartók, d’intenses monuments d’architecture et d’intelligence. Ils datent respectivement de 1926, 1927 et 1939 ; ce ne sont donc plus à proprement parler des œuvres « contemporaines » lorsque s’en saisit le fabuleux Quatuor Amadeus. En complément, il nous propose le troisième et dernier quatuor du compositeur hongrois Matyas Seiber, le Quartetto lirico, un ouvrage à l’évidence inspiré de Bartók, mais aussi de Schönberg ainsi que de quelques tournures empruntées au jazz – qui fut sa deuxième passion musicale. On se réjouira de l’excellente qualité sonore de ces enregistrements, vieux de plus de soixante ans, quand même. (c) SM/Qobuz